MARRONS EN CROQUETTE ET TIMBALE .


LE MARCHAND DE CHÂTAIGNES , JEAN BERAUD , COUVERTURE DU FIGARO ILLUSTRÉ.


Nous voici revenu à l’automne et le temps des marrons , variété du châtaigner comestible , il est toujours appelé châtaigne dans certaines régions de l’Aveyron ou des régions avoisinantes .

 En Aveyron et autour , il constituait avec la vigne , les deux seules moyens d’existence d’une bonne partie des populations de cette région , jusqu’à ce que les maladies ne détruisent la presque totalité de la vigne dans ces régions au XIXè et laissent les populations dans une grande misère et les seul marrons pour subsistance et ainsi débute l’émigration vers l’étranger ou vers Paris.
L’ÉTÉ DE LA SAINT-MICHEL , PIERRE ROY , 1880-1950 , MUSÉE DES BEAUX ARTS DE RENNES


Voyons ce qu’en disait l’écrivain Armand Dubarry au XIXè .

LA MARCHANDE DE MARRONS ,AM. GOBIN, MUSÉE DE BEAUX ARTS DE LILLE


Mets de paysan , comme le qualifiaient autrefois les citadins dédaigneux , le marron a pris rang dans la cuisine bourgeoise au XIXè et dans les desserts de choix ou il rivalise avec les fruits confits les plus fins , ce qui n’empêche pas de continuer à être le préféré du montagnard en ces temps très durs .
Les Parisiens avaient pour lui une prédilection marquée , et seraient privés si , la saison froide venue , ils ne le voyaient reparaitre avec les petits marchands classiques , hirondelles humaines qui reviennent , à la même époque , rallumer leurs fourneaux et rouvrir leur commerce populaire à la porte des marchands de vin . Tirer les marrons du feu , c’est-à-dire , servir d’instrument à quelqu’un , sans profit est une locution usuelle . La Fontaine a écrit sur ce proverbe , une excellente fable.


LE BOIRE ET MANGER , HISTOIRE DE L’ALIMENTATION , ARMAND DUBARRY 1836-1900.

BOITE A MARRONS , XIXé , MUSÉE DE SARREGUEMINES .




Mais passons les envolées lyriques d’Armand et du poète, pour rappeler que les marrons ont servis depuis la nuit des temps d’alimentation, bien sur , mais aussi de combustible et de bien d’autre façon dans les campagnes . Voici donc deux façons de transformer les marrons dont c’est la pleine période en délicieuses préparation culinaires .

MARCHAND DE MARRONS , PARIS 1912 .


CROQUETTES DE MARRONS A LA DAUPHINE.
Faites griller cinquante beaux marrons de Lyon ou du Luc , épluchez-les et ôtez-en toutes

MARCHAND DE MARRONS ,E. ATGET 1893.

parties colorées par l’âpreté du feu , ensuite choisissez-en que vous partagez par moitié bien intactes , pilez le reste avec deux onces ( un once égale 29 grammes ) de beurre , et passez ensuite par le tamis de crin ; puis vous délayez cette pâte dans une casserole avec un verre de crème , deux onces de beurre , deux de sucre en poudre et un grain de sel . Tournez cette crème sans la quitter sur un feu modéré , desséchez-la deux minutes seulement , mêlez-y 6 jaunes d’oeufs et remettez-la un moment sur le feu . Alors la pâte doit se trouver un peu consistante mais non pas ferme ; versez-la sur un plafond légerement beurré , et élargissez-la . Couvrez-la également d’ un rond de papier beurré lorsqu’elle est froide vous prenez une de ces moitiés de marron , que vous avez conservé , vous la placez au milieu d’un peu de pâte , le double en grosseur d’une moitié de marron que vous enfermez en roulant la pâte pour en former une croquette très-ronde ; vous la roulez ensuite sur de la mie de pain extrêmement fine ; vous employez ainsi toutes vos moitié de marrons en les masquant de pâte . Toutes étant formées et roulées dans la mie de pain , vous battez 5 œufs entiers avec un grain de sel fin dans une petites terrine ou vous trempez vous croquettes et vous les égouttez un peu , vous les roulez de nouveau sur la mie de pain et vous les placez ensuite , au fur et à mesure , sur un couvercle de casserole ; ensuite vous trempez tour à tour les croquettes dans l’œuf et les roulez sur la mie ; après quoi vous les versez dans une friture très-chaude ;  si la poêle est grande vous y mettez toutes les croquettes , sinon vous n’en mettez que la moitié afin de les conserver bien rondes ; vous les remuez doucement avec une pointe d’un hâtelet et les ôtez avec l’écumoire . Aussitôt qu’elles sont colorées d’un beau blond , égouttez-les sur une serviette double , ensuite vous les saupoudrez de sucre fin , les dressez en pyramide et servez bouillant .
JULES GOUFFE .

TIMBALE DE MARRONS A LA NIANZA.
Émondez de beau marrons à l’eau bouillante , de manière qu’ils soient nets de leur peau, les cuire dans du lait , un peu de sucre et une ou deux gousses de vanille ; lorsque vos marrons sont cuits , les passez au tamis après les avoir égouttés , faites avec la cuisson une anglaise un peu collée , mêlez-y votre purée , ensuite coupez une bande de papier de la hauteur d’un moule à charlotte , huilez légèrement  cette bande de papier que vous placez sur une plaque d’office , étalez votre purée de marrons dessus bien égale , à peu près d’un centimètre  d’épaisseur partout , laissez refroidir sur glace , ayez à part soit un fond de génoise ou en pâte d’office cuit ; lorsque votre appareil est froid et qu’il a de la consistance , enlevez votre bande de papier sur laquelle est votre préparation , et placez-la sur la pâte cuite , rapprochez-en les deux extrémités pour les relier et en former une timbale , soudez les deux cotés se joignant avec du jaune d’oeuf , et emplir la timbale de crème fouettée glacée à la vanille ; vous pouvez servir des marrons glacés autour de la timbale   .
Vous pouvez aussi servir une compote de fruits et des petits gâteaux .

RÉUNION DE FAMILLE ( sous le marronnier ) FRÉDÉRIC BAZILLE 1841-1870 , MUSÉE D’ORSAY .





LE GATEAU ET PETITS SOUFFLÉS A LA FLAMANDE .



LA FILLE AU GÂTEAU , JOHN STEVENS , TATE GALLERY , LONDRES .

La Flandre telle qu’on l’entend à notre époque est située uniquement en Belgique , mais cela n’était pas vrai dans le passé et jusqu’en 1790 il existait une province de Flandre en France , elle consistait en l’actuelle département du Nord , d’une partie du Pas-De-Calais et du Cambresis  du Hainaut Français . Prenant le nom de département du Nord et du Nord-Pas-De-Calais à la révolution , elle restera cependant pendant tout le 19è , les Flandres pour le restant des Français .

LA CUISINIÈRE DE VILLE ET DES CAMPAGNES , LOUIS AUDOT 1783-1870

C’est pourquoi les préparations originaires de cette province garderont le nom de Flamands et Flamandes bien après la révolution et jusqu’au début du 20è.

Le premier gâteau Flamand et non pas gâteau à la Flamande , est une pâtisserie que je qualifierai de gâteau de boulanger , sa préparation est simple et la consistance de cette pâte en fait une sucrerie roborative , tout à fait à l’image d’une Flandre robuste et courageuse , telle qu’on la décrivait au siècle passé et quelle est restée .
Les secondes recettes sont à mon avis une évolution de pâtissier Parisien  qui n’ont pas grand chose à voire avec l’original .
La recette du petit soufflé à la flamande et elle bien locale .


PÂTE A GÂTEAUX FLAMAND . ( Recette de base )
100 grammes de farine , 50 grammes de beurre , 16 œufs , 50 grammes de raisins de Malaga  , 500 grammes de sucre en poudre , 50 grammes de raisins de Corinthe , une petite prise de sel et 25 grammes de cédrats confits coupés en dés .
Mettez dans une terrine le sucre , la farine , 4 œufs entiers et 6 jaunes ; travaillez à la spatule .
Ajoutez les derniers jaunes l’un après l’ autre , en travaillant l’appareil . Fouettez les blancs en neige ferme , incorporez à l’appareil le beurre , les blancs , le sel et les raisins.
Cette pâte ce cuit dans des moules plats et évasés et à feux doux pendant une heure . On avait l’habitude de trancher le gâteau en grosses tranches et de le parsemer d’amandes effilées blondies au beurre et saupoudrer de sucre neige .
MOULE A FLAMAND .



FLAMAND ( Gâteau ) .
Amandes mondées 250 grammes , Sucre en poudre 200 grammes , Farine 60 grammes , œufs 8 , Vanille  1 gousse , 
Travaillez au mortier les amandes , la vanille , le sucre et les œufs , de façon à faire mousser la masse . Foncez des cercles à flan et mettez au fond de la marmelade d’abricots  ; remplissez avec la pâte et faites cuire à feu doux .
 En le sortant du four , le glacer à la vanille et saupoudrer de pistaches hachées .

FLAMAND DE SAUMUR ????.
Amandes douces 200 grammes , Sucre en poudre 200 grammes , Farine  60 grammes , Oeufs 8 , Vanille 1 gousse .
Pilez les amandes avec du sucre , quatre œufs et travaillez dans une terrine avec le restant du sucre , quatre jaunes d’oeufs  et la vanille ; ajoutez la farine et quatre blancs montés en neige . Couchez cette pâte dans des moules à manqué , faites cuire dans un four moyen ; glacez en sortant du four et saupoudrez de pistaches hachées ( Recette de la Maison Pallu , de Saumur , 1867 ) .
FEMME DONNANT UN MORCEAU DE GÂTEAU , CARTE RÉCLAME ,FIN XIX,  COEZ ÉDITEUR , MUSÉE DES CIVILISATION , MARSEILLE ,


PETITS SOUFFLÉS A LA FLAMANDE .
On prend 500 grammes de sucre royal en poudre , et , dans un mortier , on en fait une pâte très dure avec du blanc d’œuf , en pilant bien et en ayant soin surtout que le pilon et le mortier soient propres , car cette propreté et la blancheur font en grandes parties le mérite de ces soufflés . Cette pâte , qui doit avoir du corps , étant terminée , on l’étend sur un marbre et on lui donne l’épaisseur d’une pièce de cinq francs avec un petit rouleau très propre .
Ensuite avec un emporte-pièce , on confectionne des trèfles , des cœurs , des croissants , ou tout autre objet , suivant le goût ou la demande . On les met alors sur une plaque bien lisse et cirée avec de la cire vierge ( on peut je pense à notre époque , remplacer la cire par du silicone alimentaire ) , en très petite quantité , car il en faut peu . Quand la plaque est pleine , il faut qu’il reste , bien entendu , entre chaque soufflé une distance raisonnable , on humectera le dessus des gâteaux avec du kirsch de bonne qualité . Cela fait , on coupera , au même nombre et de même épaisseur , des morceaux que l’on placera sur ceux qui sont déjà sur la plaque , en faisant bien attention que les morceaux de dessus se trouvent bien au niveau de ceux du dessous , et que les doigts ne touche pas les bords , car cela empêche de monter bien droit . Lorsqu’ils seront ainsi doublés , on les fera cuire dans un four d’une chaleur douce , sans cependant qu’il soit trop froid , et on les laissera pas trop cuire  , car ils jauniraient




INTÉRIEUR FLAMAND , PHOTOGRAPHIE DE GUIDO REY 1861-1935, MUSÉE D’ORSAY








SAINT-JACQUES A LA VILLEROY ET AUTRES RECETTES .


 

A LA SANTÉ DE LA MARIÉE , ALEXANDER FORBES 1857-1947 TATE GALLERY LONDRES.


 Coquille Saint-Jacques ou encore peigne à côtes rondes, pèlerine et même palourde , telle sont les noms de ce mollusque dont la pêche vient de commencer . Ce mollusque comme tous les fruits de mer à part peut être les huîtres et les moules, était peu connu dans la France profonde sauf bien sûr les côtes atlantiques et de la manche . Son goût était considéré comme peu digne des grandes tables et l’on estimait que c’était la préparation et la sauce qui lui donnait une dégustation acceptable. Cependant on trouve quelques préparations dignes d’intérêt, comme cette coquille à la Villeroy ou en encore en marquise et un potage aux coquilles .
La fin du XIXe siècles et le formidable développement des transports ferroviaires et frigorifiques vont changer cela et donner une place de plus en plus grandissante aux fruits de mer sur les tables , surtout lors des fêtes .

UN PÈLERIN , GUILLAULE BODINIER 19è

MUSÉE DES  BEAUX ART D’ANGERS .

Pour terminer je voudrais vous expliquer pourquoi les pèlerins portaient et portent encore la coquille attachée à leurs habits ou leurs chapeaux lorsqu’ils se rendent à Saint-Jacques-de-Compostelle .
On raconte que les disciples de Saint-Jacques , après la mort de l’apôtre, transportèrent ses restes par la mer sur les côtes de la Galice . On célébrait alors, dans le pays, de grandes fêtes à l’occasion du mariage du seigneur Maya . Tout à coup le cheval du noble païen partit au galop, s’élança dans la mer et entraîna son maître jusqu’au navire qui portait le corps du saint . On cria aussitôt au miracle, mais la surprise fut bien plus grande encore, lorsque l’on vit revenir le seigneur et son cheval entièrement couvert de coquilles.
Les disciples déclarèrent que c’était là une preuve que les reliques de l’apôtre avaient une vertu surnaturelle . Le noble païen et ses sujets se convertirent sur-le-champ et , depuis cette époque, les coquilles prirent le nom du Saint et servent d’insigne de ralliement aux pèlerins .
C’est bien sûr une légende mais qui sait ?.
Voilà du moins l’explication de N. Filloz dans son livre  » Les Mers de France  » , Paris 1894

PREMIER BÂTIMENT FRIGORIFIQUE DESTINE AU POISSON A LORIENT , DÉBUT DU 19 è.


COQUILLE SAINT-JACQUES A LA VILLEROY.
Les Villeroy sont des sauces que l’on appelait perdues , parce que leur rôle est tout à fait invisible . Elles doivent disparaître au profit du gout des coquilles préparées et servir d’exhausteur de goût , sans imposer le leurs .

LA BAIGNEUSE AU COQUILLE , RAOUL DUFFY 1877-1953 MUSÉE POMPIDOU .

Posez les coquilles sur un plafond ( une plaque allant au four ) et les mettre au four pour les faire s’ouvrir. Retirez ensuite le mollusque de sa coquille ,  supprimez les barbes, et les mettre dans un peu d’eau acidulée et salée ; vous lavez bien et vous égouttez.
Ensuite faites blanchir les coquilles dans un peu de vin blanc , fortement poivré. Aussitôt raffermies , les égoutter et mettez à réserver ( de coté ). Faire un roux blanc avec 200 grammes de bon beurre que vous emplissez de même poids de farine . Quand celle-ci est cuite , mouillez avec un peu de consommé de volaille et la cuisson des coquilles , ajoutez de la noix de muscade et laissez dépouiller ( faire réduire tout en dégraissant si nécessaire ) sur le coin du feu pendant un quart d’heure sans faire bouillir. Il faut tenir cette sauce un peu plus consistante que les sauces ordinaires , mais toujours bien lisses et sans grumeaux .
D’autre part , préparez un salpicon composé de champignons crus , d’oignons et d’échalotes , le tout haché ; mettez à fondre le tout dans une casserole avec un bon morceaux de beurre frais ; l’ajoutez ensuite à la sauce Villeroy préparée et terminée et vous liez avec quatre jaunes d’oeufs et quelques cuillères de crème épaisse crue . Réservez la partie rouge du mollusque , et coupez le restant en lames minces . Bien laver les coquilles creuses , mettre au fond une couche de l’appareil  préparé , par dessus les lames du mollusque , qu’on a réservé et recouvrez de l’appareil ; saupoudrez de chapelure blanche et posez dessus la partie rouge  de la coquille Saint-Jacques  , ainsi qu’une coquille de beurre .
Faites ensuite tout autour une bordure de pomme de terre avec un appareil à duchesse et dorez aux jaunes d’oeufs  et faites gratiner au four , persillez et servir ( cependant on disait à l’époque que l’on ne persillait jamais un gratin ????? ) .


COQUILLES DE SAINT-JACQUES  MARQUISE .
Ouvrez comme de coutume les coquilles et après les avoir rincées à l’eau citronnée , les blanchir sans ébullition avec 1 décilitre de vin blanc léger , égouttez et parez-les de leur corail orange pour ne laisser que la noix mettez à réserver . D’autre part émincez un blanc de poularde cuite froide , additionnez un quart de réduction de crème fraîche aux truffes ( vous pouvez remplacer les truffes par des morilles hachées ) et de glace de volaille . Cinq minutes avant de servir ,  mélangez les coquilles et les trois quart de la sauce que vous liez aux jaunes d’oeufs , emplissez-les coquilles avec cette appareil et vous masquez avec le restant de la sauce que vous aurez mélangée au corail écrasé .
Saupoudrez de parmesan et glacez au four .

POTAGE AUX COQUILLES SAINT-JACQUES .
Faites ouvrir une dizaine de belles coquilles bien fraîches , et blanchissez-les dans un bouillon de fond de poisson et de vin blanc . Aussitôt qu’elles sont raffermies , sans ébullition , enlevez-les à l’écumoire , égouttez-les sur un linge , parez-les pour ne laisser que la noix ; conservez la cuisson , laissez-la déposer et tirez à clair au bout de quelques minutes .
Placez dans une petite marmite à potage 2 litres de demi fond blanc de volaille, mais sans sel ; mêlez-lui la cuisson des coquilles et quelques filaments de safran ; faites  partir à ébullition une demi heure; retirez sur un angle , dégraissez et écumez . Au dernier moment , liez-le avec 6 jaunes d’oeufs étendus avec 3 cuillerées à bouche de crème double  ; finissez avec 150 gr. de beurre , rectifiez l’assaisonnement , et versez dans la soupière où vous aurez d’avance placé les huîtres .

LES COQUILLAGES , RAOUL DUFFY , MUSÉE D’ART NOUVEAUX DE LA VILLE DE PARIS







 

LA FLAMICHE PICARDE , MËRE DE TOUTES FLAMICHES .


LE BOULANGER DU VILLAGE , JOHN CRANCH 1751-1821 , ROYAL ALBERT MUSEUM , LONDRE .


GLOSSAIRE DU PATOIS PICARD , ABBÉ JULES CORBLET 1819-1886 .

Flamiche , la définition du dictionnaire de l’académie française est la suivante,  tarte cuite à petit feu , à la flamme du four , avant l’introduction du pain , qui lui est cuit à grand feu , appelé aussi flamique , flameke en Flandre ou encore flamesouse en Aveyron et flamus en Bourgogne ou encore flombissi en Rouergue. Elle est connue par des écrits depuis au moins le XIIe siècle , mais certainement avant  .
Selon le bon abbé Corblet l’origine de la flamiche est Picarde , cella semble vrai lorsque on lit les différentes recettes parues . A voire aussi les kiches, fiousses et autre quiches .

HISTOIRE  DES VOYAGES A JÉRUSALEM,  18è SIÈCLE .

http://lacuisinefrancaisedantan-jadere.blogspot.fr/2011/11/kiche-fiousse-ou-zwiebeikuchen.html au XIXe.S.
http://lacuisinefrancaisedantan-jadere.blogspot.fr/2011/03/quiche-et-tartelettes.html

 Je vous donne ci-dessous la recette donné par joseph Favre dans son dictionnaire de cuisine de la fin du XIXe.SIÈCLE.  cette recette me semble un peu trop parisienne pour être authentique , il faut dire que la cuisine régionale n’avait pas la cote à l’époque , ne disait ton pas qu’il n’y avait de bon bec qu’ à  Paris , elle est cependant intéressante et c’est pour cela que je vous la donne.


LA FLAMICHE DE JOSÈPHE FAVRE.
Fromage blanc gras de brie ou de camembert ………………………… 500 grammes
Beurre frais …………………………………………………………………………500 grammes
Farine …………………………………………………………………………………750 grammes
Oeufs frais………………………………………………………………………………8
Procédé : Pétrir le fromage avec le beurre ; faire une pâte avec les œufs ; la farine et très peu d’eau . Laissez reposer la pâte ; l’abaissez et étendre l’appareil au fromage  sur la pâte et procédez comme un feuilletage . Donnez trois tours et coupez la pâte en forme de petits bâtons qu’on fait cuire sur une plaque beurrée.

LA FLAMICHE , RECETTE PICARDE.
Prennez une botte de poireaux , épluchez lavez et coupez en gros morceaux de même taille la partie blanche uniquement . Faites cuire dans de l’eau salée bouillante ,  mettez dans une passoire et jetez de l’eau froide dessus , puis laissez égoutter .

JACQUES LAGNIET 1600-1675 .

Faites d’autre part  un mélange de crème épaisse, assaisonnez de sel , poivre et noix de muscade , et les  poireaux après les avoir hachés grossièrement mettez à cuire à feu doux pendant dix minutes sans bouillir ; une fois refroidis y incorporer 6 jaunes d’oeufs ( pour les ménagères on proposait de remplacer la crème et les œufs par une béchamel ) .
Préparez 250 grammes de farine de blé dans un bol ( on utilisait aussi souvent de la farine de riz)         Faites un trou au milieu et y versez un peu de beurre fondu  , une pincée de sel et un peu d’eau ; pétrissez cette pâte et formez une boule qu’on laissera reposer un quart d’heure . Aplatissez ensuite avec un rouleau et repliez la pâte , recommencez deux ou trois fois.
Étendez ensuite cette pâte sur un plat beurré à petits bord allant au four , en laissant la pâte dépasser un peu les bords du plat . Versez dedans le mélange de poireaux et de sauce , ramenez par dessus la pâte qui dépasse des bords pour recouvrir entièrement les poireaux ,  mettez à l’entrée du four ( de boulanger ) pendant environ 20 minutes .
La flamiche au oignons ce prépare de la même façon , sauf que l’on fait revenir les oignons coupés en rouelle au beurre quelques minutes de façon à juste les colorer au beurre blond , puis on les égoutte et on procède comme avec les poireaux .
Le journal  » la Femme de France  » de 1930 , rappelle que les vielles cuisinières picardes trempaient les blancs de poireaux ou les oignons dans du lait pendant 24 heures avant de les travailler .

LE BOULANGER , JEAN WENTZEL 1807-1869 , BIBLIOTHÈQUE UNIVERSITAIRE DE STRASBOURG .







POULPETON AU SANG , AU GRAS ET DE SOLE .


SOUPER DES DAMES DANS LA SALLE DE SPECTACLE DES TUILERIES 1835 , EUGÈNE VIOLET-LE-DUC 1814-1879, MUSÉE DU LOUVRE .
Espèce de gâteau fait avec de la viande ou du poisson, c’est l’explication donné dans le livre de cuisine du 17è et 18è pour cette préparation , au fil des siècles le L qui était déjà muet a carrément disparu et donc à partir du 19è on écrira Poupeton .
Cette préparation de ce que l’on appellerait à notre époque , une terrine ou pain de viande ou de poisson est d’origine méditerranéenne , le nom poulpeton est toujours utilisé en Espagne , et en Italie on l’appelle polpettone , alors quand France cette appellation a pratiquement disparu .
LITTRÉ 1887 .

Quelle est la grande différence avec le pain de viande ou de poisson , pas grand chose à part que dans le passé on se servait comme moule d’une casserole à  poupeton , c’est-à-dire un moule rond et plutôt bas en fonte .

 POUPETON DE FILETS DE SOLE.
Bardez une casserole à poupeton avec des bardes de lard coupées bien minces ; posez au milieu une grosse tranche de truffe ( pour mémoire à l’époque le kilo de truffes valait à peine 50 euros cuisinefrancaisedantan-jadere.blogspot.fr/2011/03/des-truffes-en-general.html; placez-y dans le fond espacé de deux trois centimètres des filets de soles que vous aurez coupées en huit dans la longueur ; assaisonnez avec des fines herbes et des truffes hachées , du sel , une pincée de poivre et le jus d’un citron . Il faut que les filets partent du bord et aillent vers le centre et touchent le milieu et la truffe .Posez dans chaque intervalle une queue d’écrevisse et des lamelles de coquilles saint-jacques , remplir le reste du moule avec une farce à poissons ( un quart de chair de morue , un quart de chair de crustacés , un quart  œufs et un quart pain émietté , bien malaxer le tout et l’assaisonner de sel , poivre de Cayenne ). 
Mettez à four primitif ( four éteint , à bois ou à charbon depuis un quart d’heure , 120 degrés ), et cela pendant  une heure ; ce temps écoulé , retirez-le du four ; renversez le sur un couvercle de rousserole ; vous en ôterez  le lard , et le dresserez sur un plat rond .
A l’époque on le servait avec une sauce espagnole , sauce particulièrement lourde et peu adaptée selon moi à cette recette , je vous conseillerai de napper plutôt avec une sauce mousseline ou crustacés .

POUPETON AU GRAS.
Prenez du cuisseau de veau , moelle de boeuf  et du lard blanchi , hachez le tout avec des

POUPETON .

champignons , persil , ciboule , mie de pain , trempez le tout dans du bon jus de veau et deux œufs crus , assaisonnez de juste . Formez votre poupeton en garnissant une tourtière de bardes de lard . Mettez votre hachis par dessus , puis des pigeonneaux saisis au beurre ; couvrez la volaille avec le reste du hachis , couvrez la tourtière avec un papier beurré et faites cuire au four feu dessus et dessous dans un four tiède et cela pendant une heure et demi . Quand votre poupeton est cuit , vous le renversez proprement sur un plat et servez chaudement .

Une autre façon de faire le poupeton au gras est celle-ci , préparez comme ci-dessus , mais au lieu du jus de veau ajoutez une réduction de crème fraîche mélangée à de la mie de pain et assaisonnée de sel , poivre et muscade  . Passez les petits pigeons dans une casserole avec un peu de lard fondu , un bouquet garni , un oignon piqué de clous de girofle , crêtes de coq , riz de veau , champignons et truffes coupés par tranches ; mouillez-les de jus et laissez mitonner à petits feu , puis dégraissez ce ragoût , liez-le d’un coulis de veau et jambon , ajoutez-y quelques pointes d’asperges , si c’est la saison , des fonds d’artichauts , et laissez refroidir . 
Une fois froid , dressez les pigeons avec la garniture  ; mettez-les dans la tourtière , couverte du reste de godiveau ( la farce ) , unissez le dessus et frottez-le d’un œuf battu . Renversez les bardes de lard qui sont autour de la tourière dessus , couvrez-le et faites cuire au four feu dessous et dessus ; quand il est cuit , renversez-le sur un plat , jetez-y un coulis clair de veau et jambon , garnissez , si vous le voulez de marinade de poulet et pigeon au basilic et servez chaudement pour entrée .
Les poupetons de cailles , perdrix , tourterelles et ortolans etc , se font de même manière , avec la même farce .

POUPETON AU SANG.
Désossez deux lièvres et un lapin de leur chair , faites-en un hachis avec un morceau de jambon , champignons , truffes , persil , ciboule , poivre , sel , et quatre épices , un peu de basilic et trois ou quatre jaunes d’oeufs crus . Tuez ensuite trois ou quatre petits pigeons dont vous conservez le sang , dans lequel vous mettrez un jus de citron pour empêcher qu’il ne tourne ; faites un ragoût de vos pigeons comme il est dit dans l’article précédent  , et liez-le d’un coulis de veau et de jambon et du sang des pigeons que vous aurez délayé avec deux jaunes d’oeufs ; mettez avec la chair du lièvre de très petits lardons  et faites-en une espèce de pâte , garnissez une tourtière de bardes de lard , mettez au fond le ragoût de pigeons et autour le hachis que vous aurez fait . Couvrez le tout et faites cuire comme il est dit ci-dessus . Quand votre poupeton est cuit , vous le renversez sur un plat , le garnissez tout autour de tranches de jambon et l’arrosez avec une essence de jambon .
LA TABLE D’OFFICE , JEAN SIMÉON CHARDIN , 1699-1779 , MUSÉE DE CARCASSONNE .


BAR À LA MARSEILLAISE ET À LA ROSAMEL.


 

LA POISSONNERIE , JACQUES LAURENT AGASSE 1767-1849 .



 Bar où loup selon la mer ou l’océan où il est péché, les Méditerranéens appelaient aussi Carousse une espèce locale de bar .
Très répandu en méditerranée et un peu moins en Atlantique et en manche, du temps ou la surpêche ne l’avait pas encore rendu rare, ce carnassier prenait le nom de loup dans le midi car sa voracité était légendaire .
Remontant les rivières jusqu’à Rome pour certains, il était particulièrement apprécié pour la finesse de sa chair depuis l’Antiquité, Pline et Horace disaient que les Romains prisaient surtout les bars péchés dans le Tibre ; le bar est très difficile à pécher, surnommé le plus rusé des poissons par Aristhophane on le péchait surtout à la ligne en amorçant avec des morceaux de sardines dont il raffole
Le bar devait être mangé avant le frai du mois de mai et juin et la tête ainsi que les laitances étaient recherchées pour leur finesse en cuisine .



 http://lacuisinefrancaisedantan-jadere.blogspot.fr/2011/04/le-loup-la-montredon.html
 Le loup ou bar était le poisson roi à Marseille pour la bouillabaisse et le fameux loup à la Montredon
http://lacuisinefrancaisedantan-jadere.blogspot.fr/2011/02/la-bouillabaise-boui-abaisso-en.html


Le plus recherché était le bar tacheté et de petite taille ( à Venise en ces temps bénis pour la pêche on prenait régulièrement des bars de 8 kilos), leur chair blanche où rosée, recevait l’épithète de laineuse .
Les barset et où petit bar était travaillé en filet et frit .

LE MARCHÉ AUX POISSONS À DIEPPE , WILLIAM LEE-HANKEY 1869-1952 .


BAR À. LA MARSEILLAISE.
Prendre un bar d’un bon kilo, l’écailler, l’ébarber et le vider tout en réservant son foie inciser le dos d’entaille peu profonde, le frotter d’abord au citron et à la pulpe d’ail et puis l’assaisonner de poivre et sel, enfin l’imbiber de bonnes huiles d’olives et laisser reposer pendant une heure .
Préparer un feu de sarment de vigne et griller votre bar sur celui-ci en le retournant de temps en temps et en le passant souvent à l’huile . Préparer la sauce suivante avec le foie

du poisson que vous faites revenir à l’huile, et une fois cuit l’écraser dans un pilon avec la chair, les œufs et le corail d’un crabe femelle cuit auparavant, ajouter trois jaunes d’oeufs un peu de moutarde et quelques anchois .
 Une fois cela fait, monter cette pâte avec de l’huile d’olives à concurrence de deux litres, rectifier l’ assaisonnement avec du sel et poivre de cayenne et finir en ajoutant deux ou trois jus de citron , cerfeuil et estragon finement hachés .Dresser le poisson sur un plat long , l’entourer de persil frit et servir à part la sauce qui doit avoir la consistance d’une mayonnaise .


BAR À LA ROSAMEL .

ITALIE FIN XX SIÈCLE .

Garniture ; 6 douzaines d’huîtres blanchies et ébarbées, 3 douz. de quenelles au beurre d’écrevisses , moulées à la cuillère à bouche  ; 3 douz. de ronds de truffes émincées , et 3 douz. de moyens champignons fendus par le milieu . Tous ces éléments , les quenelles exceptées , doivent , au moment , être placées dans un sautoir et saucées à court ( juste nappées ) par un velouté de poisson travaillé avec la cuisson des huîtres  , chauffez au moment d’envoyer et finir avec une liaison de crème épaisse et jaunes d’oeufs  et un beurre de cayenne .
Habillez le bar (  écaillez , ébarbez , étêtez et videz ) , bridez la tête , ciselez-le légèrement , placez-le sur une feuille dans une poissonnière ( saumonière ) , mouillez-le à couvert avec un bon fond de court-bouillon et du vin de sauternes , couvrez-le d’une longue feuille de papier beurré , et faites-le partir une demi-heure à feu doux avant de servir . Au dernier moment , égouttez le bar , débridez-le , entourez-le de sa garniture en dressant 2 bouquets de quenelles aux deux centres , de chaque coté du plat ; glacez ces quenelles au beurre d’écrevisses mêlées de glace de viande ??? , envoyez la sauce à part.

LE PÉCHEUR NAPOLITAIN , DOMINIQUE PAPETY 1815-1849 .







CRÊME À FRANGIPANE , MOKA, PHITIVIERS ET QUILLET.


 

FIN DU XIX SIÈCLE .

Ces crèmes sont toutes dérivées de la crème pâtissière et de sa sœur la crème frangipane, à l’heure où on cherche à revenir vers des produits fabriqués en totalité dans les cuisines et laboratoires, ces crèmes faciles à faire mais demandant un certain doigté remplaceront sans aucun doute la pâtissière à base de poudre chimique qui gâte tant de gâteaux .
Encore un mot avant de vous donner les recettes, au XIXe siècle les grands maitres de la pâtisserie appréciaient particulièrement ce qu’ils appelaient  » farine folle  » qui était une farine très légère obtenue après de nombreux passages au tamis .
Il existe deux crèmes pâtissières de base, la première avec farine et la deuxième plus difficile à faire et faite sans farine mais avec les mêmes ingrédients .

LE LIVRE DE PATISSERIE 1873.


CRÈME À FRANGIPANE.
Farine folle…………………250 grammes
Sucre en poudre …………..500 grammes
Beurre fin …………………..75 grammes
Amandes douces mondées …500 grammes
Oeufs ………………………..10
Vanille…………………………2 gousses
Lait…………………………… 8 décilitres
Crème fraiche…………………2 décilitres.
Une pincée de sel .
Mettez dans une casserole quatre œufs entiers et six jaunes ; la farine, le sucre, le sel ; travaillez le tout a froid avec une cuillère en bois jusqu’à mélanger parfait ; ajoutez alors à petites doses le lait tiède et la vanille que vous aurez égrenée avec la pointe d’un couteau.
Travaillez ensuite avec douceur au bain-marie, jusqu’à l’obtention d’un ruban homogène ; ajoutez alors le beurre fondu et les amandes mondées ; travaillez de nouveau pour obtenir une crème onctueuse; ajoute en dernier la crème fraiche .

CRÈME FRANGIPANE AUX CHOCOLAT .
Même recette que ci-dessus , mais ajoutez 150 grammes de chocolat pur amolli à la bouche du four à la fin du processus .


CRÈME DE PITHIVIERS
Pilez 250 grammes d’amandes mondées dans un mortier; ajoutez 250 grammes de sucre vanillé, puis 4 œufs entiers ; quand le mélange est opéré, ajoutez 250 grammes de beurre fin , quelques cuillerées de crème crue , un grain de sel . Retirez du mortier pour l’employer

1880.

CRÈME À MOKA.

1880

Sucre en poudre………………500 grammes
Beurre fin……………………..500 grammes
Jaunes d’oeufs………………….16
Infusion de café……………..1 1/2 litre
Lait cuit……………………… .1/2 litre
Travaillez ensemble dans un cul-de-poule en cuivre le sucre en poudre et les jaunes d’oeufs pour obtenir un ruban homogène ; ajoutez peu à peu le lait et le café et placez le contenant dans un bain marie chauffant sur le coin du fourneau ; faites lier doucement le tout en travaillant sans s’ arrêter avec une cuillère en bois et ôtez avant ébullition , la crème doit être lisse .
Ajoutez alors le beurre par petits morceaux pour en faire une crème à Moka .
Lorsque l’on a de l’essence de café , on en fait un mélange de moitié de lait et moitié d’essence pour remplacer l’infusion de café .

CRÈME À QUILLET.
Sirop vanillé à 28 degrés ………………………………………..1/2 litre
Sirop d’orgeat ……………………………………………………1 décilitre
Jaunes d’oeufs……………………………………………………16
Beurre fin…………………………………………………………500 grammes
Mélanger le tout ensemble , moins le beurre ; lier sur le feu sans bouillir ; le déposer dans une terrine en remuant toujours ; la étant à peu près froide , lui ajouter le beurre par morceaux . Remuer au froid et conserver au frais avant de vous servir pour garnir le gateau Quillet .

1873.


SAGOU EN PUDDING, AU BORDEAUX ET À L’ESPAGNOLE .


 

LE REPAS , PAUL GAUGUIN , 1848-1903.

LE MANUEL DE L’ÉPICIER , LÉON ARNOU , PARIS 1904 .

 Le sagoutier qui donne le sagou est originaire de l’Asie et de l’Océanie, ce palmier de grande taille est assez commun dans ces pays . Apparu vers le milieux du XVIIIe  siècle en Europe , le sagou est la moelle si l’on peut dire de l’arbre .
Connaissant un certain succès dans les milieux aisés, il côtoyait le tapioca, l’arrow root et le salep ( farine séchée  du bulbe de certaines orchidées ) dans la recette dite exotique de l’époque ( ce siècle fut très exotique, surtout pour les arts, mais aussi dans la vie de tous les jours et l’apothéose fut l’exposition universelle de Paris de la fin du siècle).
Son rayonnement dans la cuisine française dura jusqu’au début du XXe siècle et peu à peu il  faut certainement à ces qualités gustatives trop discrètes .
Bien sûr on trouvait comme à tous les produits exotiques, des qualités médicinales, bien sûr aphrodisiaques, mais aussi antidiurétiques, on est pourtant passé à l’époque à côté de sa principale qualité qui nous intéresse encore beaucoup aujourd’hui, son absence de graisses, protéines, vitamines ou minéraux, autrement dit cet un aliment parfait pour les régimes et lorsque l’on va sur les forums d’internet dédiés aux régimes, la recherche du sagou tourne souvent à la recherche du Graal, car malheureusement il ne trouve pratiquement pas en Europe ou alors sous forme de perle dont la teneur en sagou est on ne peut plus suspecte . À noter que les Japonais fabriquent un faux sagou .
On trouvait principalement le sagou sous forme de farine comme l’arrow root ou entier sous forme de petits pains .
Tout cela ne doit pas vous faire délaisser le sagou car son goût légèrement fade et poivré, donne un goût particulier mais agréable, ainsi que sa texture qui procure une liaison très moelleuse ( comme l’arrow root, ) et cela valorise les plats préparés avec le sagou .
On ajoutait aussi le sagou telle quelle dans certains mijotés comme le Pot au feu à la mode Raspail .
 http://lacuisinefrancaisedantan-jadere.blogspot.fr/2012/11/le-pot-au-feu-un-monument-francais.html

On se servait du sagou aussi et surtout pour lier les potages, soupes et autres sauces allemande et espagnole très en vogue aux XIXe siècle .
À noter que la recette ci-dessous peut être aussi bien salée que sucrée .
 

POUDING DE SAGOU.
Faire tomber en pluie 200 grammes de sagou blanc dans 7 décilitres de lait en ébullition, laissez-le cuire à feu très doux pendant vingt-cinq minutes et incorporez-lui 200 grammes de sucre, ce qui ramollit sensiblement ; laissez-lui reprendre du corps et versez-le dans une terrine ; ajoutez 150 grammes de beurre fin, un peu de zeste de citron , Orange, et de l’eau d’oranger et 100 grammes de pistaches pilées avec un œuf et passez au tamis ; lorsque le tout est bien incorporé, ajoutez peu à peu 8 jaunes d’oeufs frais et 3 blancs fouettés en neige ; versez cet appareil dans un moule beurré et fariné ; cuisez-le dans une casserole d’eau bouillante que vous placez à la bouche du four sans lui faire prendre l’ébullition ; quarante à cinquante minutes après le pouding doit être raffermi ; démoulez sur un plat et arrosez d’une sauce bischof .

GRAND LIVRE DES PÂTISSIERS ET CONFISEURS , 1896 , U. DUBOIS .


 

POTAGE DE SAGOU AU VIN DE BORDEAUX .
Blanchissez le sagou à l’eau pendant quelques minutes, enlevez l’eau et mettez à sa place du bouillon de poule , ajoutez quelques grains de sel et du sucre selon le goût . Laissez cuire à feu doux pendant au moins vingt minutes, quand il est cuit à point, chauffez un litre et demi de bons vins rouges de Bordeaux presque ébullition, détendez le sagou avec le vin de Bordeaux chaud et terminer selon votre goût soit avec de la cannelle et de la cassonade, soit avec du curry et du macis râpé.

SAGOU À L’ESPAGNOLE .
Vous laverez le sagou râpé, le ferez cuire dans un consommé de volaille jusqu’à ce qu’il forme une gelée ; vous aurez préparé une purée de gibier, que vous tiendrez bouillante au bain-marie . Au moment de servir vous mêlez votre sagou avec votre purée ; si votre potage est trop épais, vous le mouillerez avec un peu de consommé de volaille et de glace de viande .

GROUP OF SAGO-YIELDING CYCADS IN THE BOTANIC GARDEN AT RIO DE JANEIRO , MARIANNE NORTH 1830-1890


















ÉPIGRAMME , MAIS ENCORE ????


FIN DU XIX SIÈCLE .

 Épigramme mais direz-vous , qu’est-ce que cela vient faire en cuisine, la définition du dictionnaire dit ceci « petit poème se terminant de façon piquante « , ce genre littéraire dont l’origine remonte à l’antiquité, connu un grand succès dès le 15 siècle jusqu’à la fin du 19 siècle .
Aussi sachant cela quel ?? rapport avec la cuisine, Joseph Favre dans son dictionnaire de cuisine de la fin du 19ème relate l’anecdote suivante qui explique la relation entre les deux genres .

Une jeune marquise du siècle dernier ( 19ème), recevait beaucoup chez elle une nombreuse compagnie, elle était d’une beauté ravissante, mais très ignorante sur la valeur des mots . Or, pendant l’une de ses réceptions habituelle, se trouvaient un nombre d’officiers du régiment de Choiseul-Cavalerie ( 17e). Plusieurs lui racontèrent qu’ils avaient dîné la veille chez le comte de Vaudreuil ( 17e ), lequel les avait en outre régalé d’excellente épigramme .
À ces mots, la marquise sonne et fait appeler son cuisinier devant tout le monde .
Michelet, lui dit-elle, il me faut pour demain à mon dîner, un plat d’épigramme .
Celui-ci salue respectueusement et se retire .

ACHILLE OZZANE , POETE ET CUISINIER.

Michelet, Génie culinaire approfondi, artiste même, fut surpris au premier abord, car il n’avait jamais entendu prononcer ce mot dans les annales de la cuisine . Il fait des recherches, s’informe, réclame le secours de ses amis qui tous partagent son ignorance à ce sujet .
La journée se passa, ainsi que la nuit, dans une perplexité qui mit son génie à la torture ; ce ne fut que le matin qu’il trouva la solution, en se rappelant qu’il avait des côtelettes d’agneau à servir au dîner . Faire braiser les poitrines, retirer les os, les distribuer en petits fragments, puis paner et frire ; alors servir sur un même plat, alterner avec les côtelettes en joignant une garniture, fut un problème résolu .
Au dîner, se trouvait une partie des officiers de la veille . Le maître d’hôtel, en présentant le mets aux convives, qui lui  Demandait ce qu’il servait, répondit avec sang-froid épigramme d’agneau à la Michelet .Tout le monde rit aux larmes du quiproquo de la marquise ; on ne pouvait plus servir de diner sans épigrammes . Voilà comment une charmante marquise, allié d’un cuisinier habile, se sont faits tous deux , sans s’en douter, inventeurs d’un mets nouveau qui durant le siècle fit le bonheur des gourmets .

MONSIEUR DE LA VARENNE . 1654.

Difficile de dire si cette version de Favre sur la création de la recette de l’épigramme est réelle ou plus proche d’une pochade entre gens du monde . Tout ce que je peux dire c’est que durant le 19 siècle, cette version plus ou moins édulcorée où la marquise se changeait en baron ou autre personnage important et inculte, parcourut le monde de la gastronomie .

LE CUISINIER FRANÇOIS , 1654.

La première fois où une recette d’épigramme apparue dans un livre de cuisine c’est dans  » Le cuisinier François  » de Monsieur de la Varenne en 1665 et c’est une recette de jarret de veau qui n’a rien à voir avec les recettes d’agneau qui apparurent plus tard .
 Aussi on peut se demander si toutes ces légendes sur la création de la recette ne sont pas pure invention et que le mot épigramme, sa définition ( piquante) et les succès des épigrammes dans la littérature du 16 et 17, n’ont tout simplement pas inspiré un cuisinier ou un prince du goût qui lança le mot dans la gastronomie, avec succès, à vous de juger.
Pour commencer la recette originale de Michelet, qui est la seule reconnue selon Favre, nous verrons plus loin qu’ils y en avaient plusieurs autres qui jettent un trouble sur l’authenticité de l’originale du cuisinier de la marquise .

L’ART DE DINER EN VILLE , PARIS 1853 , CHARLES JOSEPH COLNET DU RAVEL .

ÉPIGRAMME D’AGNEAU À LA MICHELET .
Se procurer un devant d’agneau, lever les épaules , désosser le collet . Séparer les deux poitrines par les vertèbres en laissant la noix des côtelettes avec la poitrine . Faire cuire les poitrines dans un fond relevé ; les désosser, les assaisonner chaudes et les mettre sous une planche dans une légère pression . Le lendemain, les dégraisser, les tailler en triangle rectangle ; les passer à l’oeuf et à la chapelure ; les déposer dans un sautoir beurré . d’autre part faire une blanquette avec le collet et les épaules .
Faire rissoler les épigrammes ; dresser les épigrammes en couronne et mettre au centre la blanquette d’agneau .

DÉBUT DU XX SIÈCLE .

ÉPIGRAMME DE VOLAILLE A LA TOULOUSAINE.
Après avoir vidé et flambé 4 poulets, levez les filets, parez-les courts et marquez-les dans un sautoir ; faites-les sauter à moitié et laissez-les refroidir . Bigarrez ( marquer et colorer)les filets mignons , placez-les dans un autre sautoir beurré, en leur donnant la forme d’anneaux ; couvrez-les d’un papier beurré et tenez-les au frais . Levez aussi les cuisses, auxquelles vous laissez adhérer une partie des peaux des reins et de l’estomac, désossez-les et laissez à chacune , l’os de la patte coupée à l’articulation de la jambe ; aplatissez les chairs avec la batte, élargissez la peau et placez au milieu de chaque cuisse gros comme une noix de farce mêlée avec de la truffe et jambon coupé en dés ; faufilez les contours de la peau avec une aiguille et du gros fil, serrez-les de manière que les chairs se trouvent maintenues par les peaux et prennent la forme d’un jambonneau . les cuisses ainsi préparées, faites-les poêler dans une casserole entre deux bandes de lard ; lorsqu’elles seront tendres au toucher, égouttez-les sur un petit plafond ( plaque à rôtir ) et faites-les refroidir sous presse . pendant ce temps, parez les filets de volailles déjà cuits, pour leur donner la forme d’une côtelette ; piquez au bout de chacun un petit os de patte ou d’aile de volaille ; masquez-les avec une duxelles bien réduite , et laissez-les refroidir pour les paner ensuite une fois sur la sauce et une fois sur l’œuf ; débridez et parez les cuisses en leur donnant la même forme qu’aux filets ; roulez-les dans un peu de glace de viande fondue avec du beurre et faites griller à feu doux jusqu’à ce qu’elles soient chaudes à fond ; faites frire les filets panés et sauter les filets mignons ; cela fait ;, dressez les cuisses et les filets panés en couronne sur le bord d’une croustade très-basse , en mettant alternativement 2 cuisses et 2 filets . Envoyez bien chaud. 
URBAIN DUBOIS , LA CUISINE CLASSIQUE , 1856.

ÉPIGRAMME DE FILETS DE MERLAN À LA RISTORI .
Levez les filets de 6 beaux merlans , retirez-en les peaux et parez-les de la grosseur d’un beau filet de volaille ; trempez-les à mesure dans des oeufs battus avec sel et muscade ; sablez-les avec des truffes blanches du Piémont hachées très fin ; égalisez-les avec une lame de couteau et marquez-les dans un sautoir beurré . Avec les parures des filets , faites une farce à quenelles au beurre d’écrevisse ; moulez 12 boudins de la même forme que les filets ( avec la farce à quenelles ) , mais un peu plus petits , faites-les pocher et refroidir pour les masquer ensuite avec une allemande ( fond de veau lié au roux ) à purée de champignons ; panez-les une fois sur la sauce et une fois à l’œuf .

Dix minutes avant de servir , faites sauter doucement les filets aux truffes et frire ceux panés , Vous aurez collé un croûton de pain frit au milieu d’un plat d’entrer ; cachez-le sous une garniture de queues de crevettes et piquez dessus 4 hâtelets préparés comme celui représenté sous le n° 25 ; dressez les filets autour ; piquez au bout de chacun une queue d’écrevisse , ornez d’une petite papillote ; servez à part une sauce suprême  travaillée à l’essence de champignon et finie avec du beurre de crevettes
ÉMILE BERNARD , 1826-1897 .

Comme vous le constaterez ils y a peu de point communs entre ces trois recettes d’épigrammes à part le faites de lever les chairs des os ou des arêtes ou encore d’aplatir et de reconstituer la forme de l’agneau ou d’un boudin ou jambonneau . Ces recettes étaient considérées comme de la cuisine de grande maison et à voir la complexité des préparations on comprend bien cela .

DÉBUT XX SIÈCLE .








ÉPAULES DE PORCS MARINÉ OU AUX POIS GOURMANDS .


AFFICHE DE JULES CHÉRET , 1876.
 
Le porc était surtout consommé sous forme de charcuterie aux 19 siècles, la consommation du porc telle que l’on connaît aujourd’hui était très limité, on se méfiât du porc surtout en été et l’on conseillait de ne le manger que quand les températures étaient basses et de toute façon on lui imposait souvent plus de deux heures de cuisson avant de le consommé, comme disait à l’époque l’ancien proverbe de cuisine française  » veau cuit, cochon pourri  » ce que l’on traduira par cuire le porc comme le veau, n’est pas assez pour le rendre sain a consommé .
L’épaule de porc était aussi appelée à l’époque jambon du-devant, on employait en général cette viande pour servir de haché pour les pâtés et autres farces de qualité .
Seule quelques recettes d’épaules cuitent en entier existaient dont l’épaule marinée, appelée aussi par erreur épaule marinière ( la recette à la marinière ne s’applique qu’au poisson) et l’épaule aux pois gourmands, cette dernière se distingue surtout par la durée de sa cuisson entre 7 et 9 heures, ce qui lui donne toutes les qualités d’une longue cuisson à feu très doux .
LES PORCS , MIKHAIL LARIONOV  1881-1964 .



ÉPAULE DE PORC MARINÉ .
Faites tremper pendant deux jours une épaule de porc avec sa couenne dans de l’eau salée ; retirez-la pour la mettre de nouveau tremper encore pendant 24 heures dans deux bouteilles de vin vieux de bourgogne, auquel vous ajouterez quelques grains de gros poivres, quelques clous de girofle, des feuilles de laurier et quelques branches de sauge et de thym . Retirez l’épaule de ce bain ; laissez-la bien égoutter pendant deux heures ; essuyez-la et piquez-la de plusieurs rangs de gousses d’ail alternant avec des morceaux d’orange bigarade .
Couvrez l’épaule de porc ainsi préparée de minces tranches de lard, enveloppez-la de papier bien graissé et ficelé et faites-là rôtir à la broche pendant deux heures à feu doux, jusqu’à ce qu’ elle soit complètement cuite . La cuisson étant terminé, retirez le papier et le lard, enlevez la couenne de l’épaule, et tandis qu’elle est encore bien chaude, saupoudrez-la de chapelure fine passée au tamis, sans la retirer de la broche .
Présentez-la encore quelques minutes au feu pour lui faire prendre une belle couleur ; retirez-la de la broche et laissez-la refroidir . L’épaule de porc mariné est fort estimée des gastronomes du Midi,elle se sert froide comme un jambon ; ce mets particulièrement usité pour les déjeuners à la fourchette ( ancêtre des buffets et des barbecues) .
En retranchant de cette recette l’ail que les Provençaux se plaisent à y prodiguer, c’est un mets acceptable partout .
DICTIONNAIRE GÉNÉRAL DE LA CUISINE FRANÇAISE, 1855 , PIERRE-MARIE COUSIN DE COURCHAMPS . 

LES PAYSANS DE FLAGEY REVENANT DE LA FOIRE , GUSTAVE COURBET .

 ÉPAULE DE PORC AUX POIS GOURMANDS.
Désossez l’épaule et ficelez- l’assaisonnez de sel, poivre et cumin ; foncez ( garnir) une casserole de terre avec de grosses tranches de lard, un oignon clouté, couvrez et scellez le couvercle avec un mélange de farines , malaxez avec de l’eau . Mettez à cuire à  feux très doux ( 90 degrés) pendant quatre heures . Lavez les pois gourmands, les effilez, ciselez un cœur de laitue, poivrez légèrement le tout . Retirez la casserole du four et l’ouvrir, retirez l’épaule; posez au fond de la casserole le mélange de pois gourmands et de salade, ajoutez trois oignons ciselés, remettez l’épaule et ajoutez deux grands verres de fond blanc ; mettez le couvercle et scellez à nouveau . Remettez à cuire au four très doux et cela pendant trois à quatre heures pour cuire ainsi à l’étouffé . Les pois et les laitues doivent fournir, avec le jus de viande , une glace de viande corsée . La science du cuisinier consiste à ne pas laisser dépasser le degré de cuisson , car une seule minute suffirait pour brûler ou assécher et détruire tout l’équilibre de la cuisson lente .

PAYSANS BRETONS ET LES PORCS , ANNE LOUISE FALKNER 1866-1936 .