PÂTES DE FRUITS AU DATTES, RÉGLISSES , ABRICOTS ET COQUELICOTS À L’OPIUM .


NATURE MORTE AUX COINGS , 1888. VINCENT VAN COGH .

Les pâtes de fruits étaient surtout destinées à fabriquer des sucreries bon marchées et de longue conservation, principalement destinées aux voyageurs.
On utilisait aussi beaucoup de produits dont les effets thérapeutiques étaient connus, opium, coquelicots , abricots, coings, sureau, réglisse, amandes .

CONSEIL SUR L’HYGIÈNE , LIVRE DE CUISINE 1868.

La base pour réussir une bonne pâte de fruits, c’est surtout la qualité du sucre employé, de préférence de la cassonade cuite au cassé ou au boulé, juste à point .
( http://lacuisinefrancaisedantan-jadere.blogspot.fr/2011/01/pate-gallettes-de-menage-et-cuisson-au.html )
On utilisait aussi des poires, pommes ou coings et guimauve étaient aussi utilisés .
Pour commencé je vous donne la recette d’une pâte à base de coquelicots à assaisonner si je peux dire à l’opium, cela pourrait étonner à notre époque, mais aux 19 siècles l’opium était avant tout considéré comme un remède et d’un usage assez courant, seule une certaine élite intellectuelle la consommait de façon addictive comme les drogues actuelles .
 (  http://lacuisinefrancaisedantan-jadere.blogspot.fr/p/la-cuisine-exhilarante-le-hachisch.html )


PÂTE DE COQUELICOT .

PHARMACIE 1740

On fait une infusion avec 125 grammes de fleurs de coquelicots dans quatre verres d’eau de fontaine, on fait aussi dissoudre 1 kilo de gomme arabique . Lorsque cette dissolution est faite, on ajoute l’infusion de coquelicots dans laquelle on a mis 1 gramme d’extraits gommeux d’opium (  en vente chez tous les bons dealers) et 1 kilo de sucre . Cette pâte se cuit à 60 degrés pendant une heure . Elle est calmante, adoucissante, s’emploie avec le plus grand succès contre la toux catarrhale , les rhumes invétérés ; elle procure du calme, de la tranquillité, provoque le sommeil, surtout chez les individus qui sont éveillés par des toux nocturnes.
LE NOUVEAU MANUEL COMPLET DU CONFISEUR, MANUELS- RORET, PARIS 1862..

PÂTE D’ABRICOTS .
On choisit les abricots bien beaux ; on leur fait prendre plusieurs bouillons à l’eau, on les

BASSINE EN CUIVRE A PÂTE A FRUIT , 19 SIÈCLE .

passe à travers un tamis de crin ( tamis fin) à l’aide d’une spatule . Cette pulpe se dessèche sur un feu doux, et quand elle commence à s’épaissir, on la retire et on fait la même quantité en sucre au cassé, et lorsqu’elle tape bien entre les doigts ( ne colle plus à la spatule), la pâte est assez cuite ; on mélange les deux préparations et on laisse refroidir, et l’on dresse sur des feuilles de papier sulfurisées qu’on met à l’étuve .
Lorsque cette pâte est assez sèche, on la retourne et si l’on ne peut l’ôter du papier, on la met à la cave pour que l’humidité fasse lâcher le papier, on la poudre ensuite de sucre et on la conserve au frais .

PÂTE DE DATTES .
Dattes choisies et mondées……………….. 500 grammes
Gomme arabique du Sénégal……………….2 kilos
Sucre………………………………………..1 kilo 500
Eau de fleurs d’oranger……………………..125 grammes
Eau pure…………………………………….10 litres
Après avoir coupé les dattes en très petits morceaux, on les fait bouillir avec la moitié d’eau jusqu’à ce qu’elles se réduisent en pâte entre les doigts ; on passe la décoction et l’on fait dissoudre la gomme dans l’autre moitié d’eau ; on passe et l’on réunit les liqueurs ; on y ajoute le sucre et trois blancs d’oeufs battus avec environ 60 grammes d’eau, on enlève les écumes et on passe à travers un blanchet ( tamis au tissu très fin) ; on fait évaporer jusqu’à consistance mielleuse, on retire la bassine du feu, on y ajoute de l’eau de fleur d’oranger; et l’on coule dans des moules de fer-blanc enduits d’huile d’amande douce . On laisse refroidir et la poudre de sucre..

AFFICHE CRÉE PAR CAPPIELLO LEONETTO 1875-1942.


PÂTE D’ORGEAT .
Amandes douces ………………………575 grammes
Amandes amères………………………125 grammes

Sucre…………………………………..1 kilo
On pile les amandes en ayant soin de les humecter avec un peu d’eau de fleur d’oranger ; lorsqu’elles sont pilées, on les passe au cylindre sur la pierre à chocolat ( cylindre de marbre et plaque de marbre utilisé pour écraser le chocolat).
On fait cuire le sucre au boulé, on y jette la pâte d’amandes, on dessèche environ un quart-d’heure, on la retire du feu et on la pétrit avec du sucre pilé et passé au tamis de soie .
Cette pâte étant assez consistante, on en forme des magdaléons ( petite forme cylindrique) du poids de 30 grammes, qu’on fait sécher à l’étuve . La moitié d’un de ces magdaléons, dissous dans un verre d’eau, forme de suite du très bon sirop d’orgeat . Ce sont surtout les voyageurs qui doivent se munir de ce plat composé, qui est on ne peut plus commode en voyage, parce qu’on a de l’orgeat à volonté .

1897 .


PÂTE DE RÉGLISSE PERFECTIONNÉ, DE VANDAMME .
Réglisse mondée et contusée ( écrasée, broyée)………………….250 grammes
Eau pure ………………………………………………………….3 litres
Gomme arabique …………………………………………………1 kilo
Sucre de réglisse de Calabre……………………………………..30 grammes
Sucre blanc………………………………………………………..1 kilo
Essence de néroli ( bigaradier, orange amère )………………….quelques gouttes
On fait macérer la réglisse dans l’eau pendant 12 heures en agitant le mélange ; on décante ensuite la liqueur dans laquelle on fait dissoudre la gomme arabique bien concassée et le suc de réglisse ; on passe à travers un blanchet ( tamis fin au linge blanc), on y ajoute le sucre en poudre, l’on fait épaissir sur un feu doux tout en remuant sans arrêt , une fois prêt le mettre a refroidir dans des moules en fer-blanc huilés  . Démoulez sur un marbre et saupoudrez de sucre fin .

NATURE MORTE AUX COING , POIRE ET CERISES ,1865 , PHOTOGRAPHIE DE CHARLES AUBRY 1811-1877 .


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LA POULEINTE SALÉ OU SUCRÉ .


 

TROIS POLICHINELLES PRÉPARANT LA POLENTA , GEORG SCHMIDT 1712-1775.


La pouleinte qu’est-ce que c’est que cela me direz-vous, rien de plus que la version francisée de la polenta Italienne. Connue depuis le XVI siècle la farine de maïs va connaître rapidement un succès populaire en Italie, bien vite elle va aussi se faire connaître en France, mais de façon plus discrète .
Les régions de production du mais, surtout la Bourgogne, vont cependant utiliser la farine de maïs pour fabriquer des « Gaude  » ou des « Milliasse  » sorte de beignet à base de farine de maïs et de la pouleinte.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire la polenta n’est pas née avec la farine de maïs au XVI siècle, mais bien avant car on retrouve sa trace dans l’antiquité, seulement avant le maïs , elle était à base de farine d’orge .
Orthographié aussi en France poulinte par Balzac dans un de c’est roman où poulainte par Dumas dans son dictionnaire de cuisine, elle servait de base à bien des entremets à l’époque .
Cette volonté de franciser les noms étrangers, vient d’une part d’une méconnaissance des langues et aussi d’une sorte de chauvinisme à s’approprier les recettes non Françaises .

Je vous donne ci-dessous des recettes aussi bien salées que sucrées, dont certaines tirées de la rubrique gastronomique du célèbre baron Brice, qui paraissait dans le journal « Le Figaro  » vers les années 1860-1870 .

RECETTES DE POULEINTES SALÉES

POULEINTE AU JUS , A LA BORDELAISE .

ÉTUVE MOBILE DE TABLE 1889..


Faîtes bouillir un litre d’eau avec une pincée de sel ; retirez sur le côté du feu ; ajoutez 50 grammes de beurre, et laissez tomber en pluie, dans le liquide, de la semoule de maïs fraîche, de belle couleur, en ayant soin de tourner avec une cuillère à l’endroit où tombe la semoule : la bouillie doit être légère, cuisez-la pendant 20 minutes sur un coin du fourneau en remuant souvent, elle doit alors avoir la consistance d’une purée coulante .
Retirez du feu ; prenez-la avec une cuillère, et dressez-la par couches dans un plat creux , en saupoudrant chaque couche avec du parmesan et en arrosant d’un bon jus de veau bien réduit en glace, mêlez de quelques cuillerées de bon vin de bordeaux et de noisettes de beurre .
Terminez par en saupoudrant le dessus d’une grosse couche de parmesan et de noisettes de beurre, passez à four chaud pour colorer le fromage et servez aussitôt .

SUBRICS DE POULEINTE EN HORS-D’ŒUVRE.
Avec 200 grammes de semoule de maïs bien fraîche et de l’eau, préparez une bouillie de pouleinte, quand elle est cuite et liée à point, retirez-la du feu ; incorporez-lui 100 grammes. de beurre et 100 grammes de fromage de Comté râpé .
Prenez-la avec une cuillère de table , et faîtes-là tomber en couche mince et ronde de la taille d’une soucoupe sur une plaque mouillée ; posez aussitôt sur le centre une petite cuillerée de fromage râpé, emmenthal ou comté, et couvrez avec une fine couche de pouleinte chaude .
Laissez refroidir, égalisez ensuite les ronds, en les coupant avec un coupe-pâte ; trempez-les dans des œufs battus, panez à la chapelure fine et faîtes frire .

SURTOUT DE POULEINTE À LA MILANAISE .
Faire bouillir un litre et demi d’eau, avec quelques grains de sel ; le retirer sur le côté du

ÉTUVE DE CUISINE 1880.

feu, lui incorporer 4 à 500 grammes de semoule de  maïs, jaune et fraîche, odorante, en la laissant tomber en pluie . Cuire la bouillie jusqu’à ce qu’elle soit serrée ; lui incorporer alors un bon morceau de beurre, la verser dans un moule à timbale beurré, couvrir le dessus de l’appareil avec un papier beurré, le laissez refroidir pendant 4 à 5 heures .
Trempez ensuite le moule à l’eau chaude, et démoulez le pain ; essuyez l’intérieur du moule, le beurrer de nouveau . Passez le pain de pouleinte au blanc d’oeuf et puis le paner ; dorez le au four chaud et le remettre dans le moule ; le vider alors par le dessus sans l’abîmer, à l’aide d’un couteau et d’une cuillère, de façon à ne laisser, autour et au fond, qu’une épaisseur d’un centimètre , mais en ayant soin d’enlever et de conserver le rond de pâte du dessus coupé .
Garnir l’intérieur avec un ragoût  composé de ris de veau ou d’agneau, de foies de volailles, de champignons et de petites quenelles pochées, le tout cuit et lié avec une réduction de crème et de cognac ; fermez l’ouverture avec le couvercle réservé ; soudez les joints avec un peu de pouleinte liquide ou de farce, beurrez le dessus, et poussez le moule à four modéré .
Une demi-heure après, passez la lame d’un couteau entre le moule et l’appareil afin de la dégager, et renversez le surtout sur un plat chaud, se sert avec une réduction de crème aux champignons .

ÉTUVE MOBILE DE SALLE À MANGER 1889.


RECETTES DE POULEINTES SUCRÉES.


BEIGNETS DE POULEINTE À LA BOURGUIGNONNE .
Faites bouillir un litre d’eau ; ajoutez une pincée de sel , une cuillerée de sucre, des zestes d’un citron et d’une orange et un bon morceau de beurre ; retirez du feu sur le côté et laissez tomber en pluie, dans le liquide, 300 grammes de farine fine de
maïs en remuant avec une cuillère en bois, à l’endroit ou elle tombe, de façon à obtenir une bouillie lisse ; cuisez 2 minutes , en tournant, et retirez sur le côté du feu ; tenez-la ainsi jusqu’à ce qu’elle soit séchée et consistante ; retirez-la du feu .
Prenez-la avec une cuillère, et laissez-la tomber en rond de petite taille, à une distance l’une de l’autre sur un plat et beurrez ; laissez refroidir .
Faites-les frire ensuite au beurre épuré et blond, égouttez et saupoudrez de sucre glace.


BEIGNETS DE POULEINTE FOURRÉS.
Avec de la farine de
maïs et du lait, faites une bouillie bien lisse ; mêlez-lui un morceau de beurre, un peu de sucre et du zeste de citron . Quelques minutes après, étalez en couche mince , sur une tourtière mouillée à l’eau froide .
Quand elle est raffermie, coupez-la en rond de 3 doigts de large, avec un coupe-pâte ; détachez les ronds, masquez-les du coté plat avec une couche de marmelade d’abricots, et assemblez-les  deux par deux en les collant ; trempez-les dans de l’oeuf battu, panez-les avec des amandes effilées hachées et faites frire au beurre blond

LA POLENTA , PIETRO FALCO 1702-1785.












SPUNGADA , GRANITÉ ET SORBET .


REFRESCO , NÉGATIF MONOCHROME SUR SUPPORT VERRE , RETOUCHÉ PAR LOUIS PIERREY 1854-1912 , FRANÇOIS VIZZAVONA 1876-1961
Il semble que l’origine du sorbet soit Perse . Sorbet vient littéralement de Sharab, boire

LES MANGEURS DE GLACE , JULIEN BOILLY 1768-1871.

en arabe . Connue depuis le 15e en Italie, puis avec la venue des Médicis en France, cette boisson glacée connut une vogue exceptionnelle dans le Royaume et l’ouverture des célèbres cafés et glaciers Italiens durant le 18e va encore renforcer cette popularité .
Les granités, punchs à l’Italienne ou encore spungada en sont les représentants les plus connus des sorbets en cette période et après, aimés des Dames mais pas seulement ils donnaient au début du printemps et en été une fraîcheur appréciée . Dès le 18e va apparaître en Italie puis partout en Europe les sorbetières, appelées sharabetieres en référence à l’arabe d’origine, elles deviendront vers les années 1830 les sorbetières que l’on connaît .
En principe on différenciât les sortes de sorbets, par leurs compositions, vins ou différents alcools entraient dans la base des sorbets, mais pas toujours, ensuite la pulpe de fruits ou les jus de fruits ou encore des fruits coupés en dés et en zestes.
La base des sorbets était toujours préparée de la même façon , seule la suite différait avec l’adjonction des différents ingrédients et l’ajout en fin de turbinage de blancs d’œufs en meringue à l’italienne, mais cela ne se fera que vers la moitié du 19e .  

TASSES A SORBET , IMPÉRATRICE JOSÉPHINE , LA MALMAISON , 1805 .
 SPUNGADA À LA ROMAINE .
Faites cuire au boulé un demi-litre de sirop de sucre ; quand il bout, ajoutez-y 4 verres de

SORBETIÈRE ITALIENNE 1830.

rhum, en maintenant le tout au chaud, sans ébullition ; fouettez en neige 7 blancs d’oeufs et quand ils sont bien fermes, versez par-dessus le sucre tout doucement en continuant à remuer les blancs d’oeufs . Laissez refroidir la pâte et pendant ce temps congelez deux litres de sorbet au citron préparés ; quand la pâte est bien prise, versez dans la sorbetière 2/3 de rhum et mélangez bien le tout . Une fois prise servez bien ferme dans les verres spéciaux .
Préparation du sorbet citron : Écrasez avec précaution dans un mortier, avec un peu d’eau , les citrons pelés à vif dont vous voulez préparer le sorbet. Laissez infuser pendant une heure , puis passez à travers un linge en pressant bien la pulpe avec une presse, ajoutez alors par litre de fruit de jus 1 kilo de sucre aromatisé avec un bâton de vanille ; quand la fusion du sucre est complète, filtrez, ajoutez au mélange un litre de crème double, mêlez bien le tout et passez à la sorbetière..

 GRANITÉS DE MACÉDOINE DE FRUITS AU CHAMPAGNE .
Prenez une orange, enlevez la peau et séparez en petits quartiers ; retirez les pépins et coupez chaque quartier en petits cubes, puis mettez le tout dans une terrine afin de ne pas perdre le jus ; pelez une poire, une pêche, deux ou trois abricots , ôtez les pépins et les  noyaux durs, coupez les fruits en tranches et mettez dans la terrine ; ajoutez-y quelques fraises en quatre . Mêlez ces fruits avec 750 grammes de sucre cristallisé . Versez sur le tout une bouteille ce Champagne et laissez infuser pendant six heures . On place dans une sorbetière, agitez de temps en temps et servez dès qu’il se formera de petits cristaux de glace autour des fruits.
On sert ces sorbets très peu liquides avec les fruits granités par la sorbetière, on sert d’habitude ces granités dans des verres à sorbets plongés dans de la glace .
On ne doit faire ce granité qu’en été quand les fruits sont frais et de bons goûts
DÉBUT XXè.

SORBET À L’ORANGE AMÈRE ou PUNCH À L’ITALIENNE .

Exprimez dans une casserole le jus de deux citrons et deux oranges amères , versez dessus deux litres d’asti-spumante sec mousseux ; ajoutez un litre de sirop à 20 degrés fait à froid, jusqu’à ce qu’il en marque quinze au saccharimètre ( pèse sucre), versez le tout dans la sorbetière en ajoutant des zestes cuits au sucre d’orange amère . Lorsqu’il forme une masse molle et granité, on ajoute deux blancs d’oeufs en meringue Italienne ; on homogénéise le tout et on dresse en pyramide dans des verres..

On arrose le tout avec un filet d’asti-Spumante .

FABRICATION DE SORBETS , PAYS-BAS  XVIIIè.


LE PARFAIT-AMOUR ,LIQUEUR ROYAL .



1906.
1894.

Les italiens étaient au début du 16è très en avance sur la France pour les arts de la table , ils connaissaient et appréciaient depuis déjà quelques décennies , le thé , le café , le chocolat mais aussi les liqueurs , toutes ces boissons en ce début des années 1600 n’étaient pas ou peu connu au royaume de France . Ces surtout les liqueurs qui étaient très en avance en Italie , de nombreuse variétés étaient fabriquées de façon pratiquement industrielle dans le pays ou des distillerie s’établissaient partout dans la botte . Consommées en fin de repas ou en tant que remède homéopathique elles connaissaient un grand succès . Il ne faut donc pas s’étonner que c’est un Italien qui fût le premier à populariser la liqueur en France ,

1887.

Solmini pour le nommer s’était établi d’abord à Montpellier puis en Lorraine où il créa en 1660 deux liqueurs qui connurent un énorme succès  » Le Parfait Amour  » apprécié de Louis XIV en personne et la fenouillette. L’engouement fût tel pour les liqueurs que bien vite des centaines de fabriquant s’établirent partout dans le pays en produisant souvent tout et n’importe quoi , Louis XIV désirant mettre de l’ordre dans la confrérie de ses limonadiers dont dépendaient les distillateurs de liqueur 1704, la supprima et établi pour leur succéder, cent cinquante privilégiés qui eurent le droit de fabriquer et de vendre des liqueurs dont seule la liste suivante était autorisée . La fenouillette, Le Vaté, L’Orange, Les ratafias de Fruits et de Noyaux, Les eaux de Cette, De genièvre et enfin Les mille-fleurs et bien sûr le Parfait-Amour, qui doit peut-être son succès à l’ambrette qui rentrait dans sa composition et qui croyait ton avait des propriétés proches du surnaturel à l’époque .
Cette limitation ne résista pas au temps et bien vite les ligueurs les plus variés vont refaire leurs apparitions, sans connaitre cependant la gloire du Parfait-Amour qui fut immédiatement copié, souvent de la plus vilaine façon .

GLACIÈRES ET RÉCIPIENT A BOUTEILLES DE LIQUEURS , CHARLES MÉRAUD 1735-1780 .


Les qualités digestives homéopathiques de ces boissons étaient connues, mais aussi échauffantes pour ne pas dire aphrodisiaques, ainsi la fenouillette tirée  du fenouil dont on connaissait les vertus de remonter si je puis dire des désirs de la chair un peu affaiblie . Elles étaient considérées par les bonnes âmes croyantes comme trop dangereuses pour leurs morales,.
Ainsi comme le rapporte Madame de Sévigné dans ces lettres, un jour à table où comme d’habitude on offrait après un repas des liqueurs aux Dames après les vins de dessert ( à l’époque on ne consommait pas de café, de thé ou de chocolat après un repas, mais en dehors seulement) , une dame de l’entourage de Madame de Sévigné, Mme de Thiange qui après un deuil avait renoncé a toutes les joies du monde, au point dit la marquise de ne plus mettre de rouge aux joues et de cacher sa gorge, À qui fut présenter par le valet un verre de Fenouillette s’exclama  » Madame, dit-elle, ce garçon ne sait pas que je suis dévote « 
Au 19e il existait en début de siècle plus de 200 liqueurs différentes, consommées en apéritives leurs succès étaient généraux, elles étaient souvent dotées de noms évocateurs, comme l’eau Nuptiale, à base dés d’anis de chervi, carottes, muscades et cédrats, la belle de nuit formée de lime et d’angélique, ou la favorite de Florence, mélange de citrons et de macis coloré avec de la cochenille, etc.
Vers les milieux du siècle il y avait en France plus de 1.000 producteurs de liqueurs en dehors de ceux produisant de l’absinthe, bien trop pour le foie des Français déjà en bien mauvais était .

SERVICES A LIQUEURS ÉMAILLÉS , 19è . JAKOB PRIESTER .

L’absinthe fut d’ailleurs le fossoyeur de la plupart de ces distilleries, car par son succès il fit passer la consommation des liqueurs au rang de boisson pour dames ou de fin de repas exclusivement .
Le Parfait-Amour lui connut un succès plus long notamment dû au fait qu’il rentrait dans la composition de nombreuses pâtisseries, glaces et sorbets et qu’il servait de base a de multiples cocktails dont la mode à la fin du 19e allait croissant, dans une vague d’anglophilie sans pareille au fil des siècles . 
Les liqueurs Parfait-Amour vendues aujourd’hui n’ont rien à voire avec l’original et ces bien dommage.
Voici ci-dessous la recette originale du Parfait-Amour ainsi que quelques autres liqueurs intéressantes.

SEAU POUR SERVICE A LIQUEUR DE MARIE-ANTOINETTE , SÈVRE ,. 18è.

 

 

PARFAIT AMOUR , LA RECETTE ORIGINELLE.
Employer :
Sucre………………………………………………………………….6 kilo .
Vanille………………………………………………………….15 grammes .
Ambrette  ……………….. …………………………………  4 grammes .
Zestes de citrons…………………………………………..  …..   12 citron.
Eau ………………………………………………………………….4 litres .
Eau-de-vie…………………………. ………………………………24 litres.      
Procédé .-Laissez macérer pendant cinq jours les substances dans l’alcool avec la moitié du sucre. Distillez dans un alambique. D’autre part faire avec le restant du sucre un sirop à 32 degrés ; le mélanger avec le produit de la distillation et colorer avec du carmin . Mettre en bouteilles .
PARFAIT-AMOUR PAR MACÉRATION.
Employer /
Sucre……………………………………………………………………..2,5 kilos .
Thym…………………………………………………………………..30 grammes.
Macis………………………………………………………………. …10 grammes.
Coriandre……………………………………………………………..10 grammes.
Cannelle……………………………………………………………….15 grammes.
Zestes de bigarades ( orange amère )…………………………………..6 nombre.
Eau-de-vie……………………………………………………………  …..2 litres .
Procéder. – Faire macérer les substances aromatiques pendant cinq jours dans l’eau-de-vie ; avec le sucre faire un sirop à 32 degrés , mélanger les liquides , colorer et filtrer .
 
EAU DE PUCELLE.
Genièvre pilé ……………………………………. 15 grammes.
Angélique pilée ………………………………… …7 grammes.
Eau de fleurs d’orange………………………………..1/2 litre. 
Eau……………………………………………………….1 litre.
Sucre………………………………………………500 grammes.
Eau-de-vie………………………………………………..2 litres.
Faire macerer le tout pendant cinq jours avec la moité du sucre , préparez un sirop avec le restant du sucre et a la fin de la macération mélanger le tout , passez à la chausse et mettre en bouteilles  , puis pendant cinq jours les retournez deux fois par jours avant de les consommés .
1888.
 
EAU DU PÈRE ANDRÉ.
Eau de roses fraiche ……………………………………1/2 litre.
Fleurs de lys …………………………………………… .50 têtes.
Fleurs d’oranger………………………………………20 centilitre.
Eau…………………………………………………………. 1 litre.
Eau-de-vie…………………………………………….. …..2 litres.
Le mélange est chauffé au bain-marie jusqu’à ce qu’il soit transformé en sirop ; on y ajoute alors l’eau-de-vie et l’eau de fleurs d’oranger et on passe à la chausse .
 
EAU À LA BÉQUILLE DU PÈRE BARNABA.
Angélique ………………………………………….200 grammes.
Cannelle……………………………………………..15 grammes.
Pilez le tout et coupez en petits morceaux deux grosses racines d’iris . Vous mettez le tout dans un alambic avec une grosse chope d’eau et quatre pintes d’eau-de-vie et deux livres de sucre, laissez l’opération ce dérouler et ainsi fait rajoutez  un demi litre d’eau et laissez vieillir en bouteilles un mois avant de consommer .
PASTÈQUE ET LIQUEURS , ARDENGO SOFFICI , 1879-1964.
 
 

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

TROIS SAUCE ITALIENNE AU VIN ROUGE POUR LE POISSON.


 

UNE CUISINE ITALIENNE , THOMAS STUART SMITH , 1813-1869 .

GUIDE TOURISTIQUE 1886.

Les sauces italiennes étaient peu connues en France , il a fallu un certain A.Dumas grand amateur de la cuisine de la péninsule pour que l’on ait découvert ces qualités et aussi que quelques italiens qui émigrent en France ouvrent des restaurants surtout à Paris .
Cependant vers les années 1880 la mode venue d’Angleterre du tourisme va voire apparaître les livres de guide touristique qui ne manquaient pas de  souligner les qualité de la cuisine Italienne .
Ces sauces sortent de l’ordinaire , car elles sont à base de vin rouge  , le vin blanc était presque obligatoire pour les sauces de poissons dans la cuisine Française on ne trouve donc que peut de sauce à base de vin rouge pour le poisson , à par les matelotes .

SAUCE GÉNOISE .
Faire d’abord un fumet de poisson avec les déchets du poisson que vous allez utiliser en ajoutant si nécessaire quelques têtes de turbot. ou assimilés .
Émincez un oignon , deux ou trois échalotes et les passez dans une russe plate avec une grosse noix de beurre ; une fois les légumes roussis enlevez les , et faites roussir dans le beurre de la farine de façon à obtenir un roux ; remettez les légumes et mouillez avec avec un litre de fumet et du jus de champignons frais , une bouteille de vin vieux de Barolo , mettez à réduire sur le coin du fourneaux.
Nettoyez dix anchois salés , les passez au tamis avec du beurre frais , les ajoutez à la sauce avec du poivre gris concassé , laissez réduire de moitié la sauce , la passez à l’étamine , la finir avec un fort morceaux de beurre fin , de glace de viande et un jus de citron si nécessaire .
Au 19è il était courant de terminer la cuisson et la liaison d’une sauce avec de la glace de viande ou une sauce espagnole ou bien allemande , toutes deux à base de glace de viande , cette habitude discutable ne disparaîtra que vers le milieux du 20è .

CUISINE MILITAIRE ITALIENNE , DÉBUT 20è.


SAUCE ITALIENNE ROUSSE.
Coupez douze dés de jambon de Parme ; mettez-les dans une casserole avec une poignée de

GUIDE TOURISTIQUE 1890.

champignons hachés et de grosses tranches de citron , duquel vous aurez ôté les pépins et tout le blanc et la pelure ; ajoutez une cuillerée à bouche d’échalotes hachées , lavées et passées dans le coin d’un torchon , comme pour vos champignons ; ajoutez une demi feuille de laurier , deux clous de girofle et un quart d’huile d’olive ; mettre le tout à cuire sur le feux et laissez bouillonner pendant vingt minutes , une fois passé ce temps enlevez le citron , et mettez une cuillerée de basilic haché et deux quart de bon vin Italien et un peu de mignonnette ; faites ensuite réduire votre sauce de moitié et dégraissez-la ; ôtez le jambon , liez si nécessaire avec un roux blond et lorsque votre sauce aura atteint son degré de réduction , retirez-la .
Cette sauce est parfaite avec un poisson de rivière .

SAUCE LOMBARDE  .
Mettez dans une casserole une demi-bouteille de vin d’Oltrepo , un demi-quarteron de beurre , persil , échalotes et champignons hachés ; faites bouillir jusqu’à ce qu’il n’y ait presque plus de liquide ; ajoutez alors un verre de fond de poisson et un verre de bouillon blanc de volailles ou de veau , laissez réduire de nouveau de moitié et liez au roux , cette sauce ne se passe pas . on peut ajouter un jus de citron si nécessaire

INTÉRIEUR ITALIEN AVEC DEUX PERSONNAGES  , LORENZO CECCONI 1863-1947.



LA CHAMPAGNE EN CUISINE , ANDOUILLES, CANETONS ET FRAISES .


LE DÉJEUNER D’HUITRES , JEANS-FRANÇOIS TROY 1679-1752 , REMARQUER LES BOUTEILLES DE CHAMPAGNES DANS LA GLACE AU PIEDS DE LA TABLE .


1896.

 L’histoire du champagne est étroitement liée à la haute gastronomie, les vignes des coteaux champenois sont connues depuis le V siècles et les premiers écrits parlant des qualités homéopathiques et culinaires remontent eux au VIII. Il est devenu le vin le plus apprécié par les Papes et les royautés, dès le X siècles avec notamment le Pape Urbain, il doit sa quasi-sacralisation comme vin d’exception avec Louis XIV et puis Louis XV . Son histoire est connue et sa lente évolution, du vin de Champagne aux champagnes tout court mettra deux siècles . Vin rouge et blanc reconnus d’une qualité supérieure, le vin de champagne se vendait très cher ( de trois fois à cinq fois le prix normal) il était légèrement pétillant dès l’origine mais pour certaines cuvées seulement, et ce phénomène était mal maîtrisé et non voulu, et c’ est vers les années 1660 que l’on se préoccupa de fixer le problème des bulles et de définir une cuvée de couleur unique pour le vin pétillant et la couleur préférée des amateurs de ce vin était une couleur fauve , fauvelets comme on disait à l’époque et qui allait devenir la couleur champagne.
Deux religieux, le frère jean Oudart et le célèbre Dom Pérignon ont fait avancer le vin de

1755.

champagne vers le champagne tout court avec des travaux sur la vinification et surtout la maîtrise des bulles . Dom Pérignon allant chercher dans la vallée de Limoux connue pour son vin mousseux des solutions . Il préconisait aussi d’utiliser des bouteilles plus épaisses et des bouchons en liège car jusqu’alors on utilisait des toiles de chanvres imbibées d’huile pour bouchonner les bouteilles .
On pensa aussi à servir les bouteilles de vin de champagne dans de la glace, ce qui limitait les accidents et la mode des vins blancs frappés fut lancée, car auparavant on servait le vin blanc à température de la pièce .
Malgré cela durant tout le XVIII et une bonne partie du XIX, une bouteille de vin de Champagne pétillante sur deux, explosait avant sa consommation . Il fallut attendre 1836 et un chimiste de Châlons-sur-Marne du nom de M. François pour trouver la quantité exacte de sucre nécessaire pour faire le champagne et résoudre en partie le problème d’explosion. Le vin de champagne classique, rouge ou blanc             
et sans bulle, lui va continuer à être apprécié tel quel par des amateurs fortunés jusqu’à la fin du XIX, et ce n’est qu’au début du XX que toute la production va être transformée en champagne pétillant . En 1840 le vin de champagne était de quatre millions de bouteilles, dont la moitié était exportée, en 1875 il était produit vingt deux millions de bouteilles uniquement de vin mousseux à partir des meilleur vin de champagne , dix ans plus tard on passait à plus de soixante quinze millions de bouteilles avec toujours une bonne partie exportée aux quatre coins du monde.
Les vertus diurétiques et échauffantes ( aphrodisiaque)comme on disait du champagne allaient en faire un argument de vente , ce que l’on ne disait pas ces que le champagne était aussi une des principales causes de la goutte qui fit tant de dégât chez les princes de tous bords.
On utilisait le vin de champagne ou le champagne de la même façon en cuisine, vin cher on ne le retrouve bien souvent que dans les livres de recettes destinés avant la révolution qu’aux agapes royales.

Après la révolution il eût bien entendu une certaine démocratisation mais dans une certaine mesure seulement..

COUPE A CHAMPAGNE EN CRISTAL , FLANDRE , 18è SIÈCLE .

ANDOUILLES DE LAPIN AU CHAMPAGNE .
Désossez un bon lapin, coupez-le en filets, ainsi qu’une fraise d’agneau et de la tétine de veau de Pontoise . Mêlez avec tous ces filets de l’oignon haché ; cuisez moitié cuit, assaisonnez le tout avec du sel, quatre épices, persil, ciboules, échalotes hachées, muscade, basilic ; mettez le tout dans des boyaux préparés à cet effet ;; faites-les cuire dans une consommée moitié de poule et moitié de vin de champagne et des fines herbes, laissez refroidir dans la cuisson pour les paner ensuite une fois sec et les faire griller . Servez-les en hors-d’œuvre . Les andouilles de faisan et perdrix que l’on sert d’ordinaire sur une purée de gibier, se préparent de la même façon .

FLUTE , VENISE , 17è.


CANETON À L’ORANGE AU VIN DE CHAMPAGNE .
Prenez deux canetons, troussez-les en entrées de broche . Foncez une casserole d’une bonne mirepoix, ajoutez-y les canetons, couvrez-les d’une feuille de papier beurré, faites subir un suage, mouillez avec une bonne demi-bouteille de vin de champagne clairets, une cuillerée à pot de bon consommé, laissez mijoter le tout jusqu’à sa parfaite cuisson . Prenez le zeste de deux oranges, ciselez-les bien fins, blanchissez à l’eau bouillante, séparez les quartiers d’oranges en enlevant la peau et blanchissez-les également . Passez le fond des canetons à la serviette , dégraissez-le bien, clarifiez le tout avec deux blancs d’oeufs et un peu de mignonnette, passez à la serviette et mettez le tout au bain-marie . Ajoutez un jus de citron , gros comme une noisette de glace de viande et un peu de poivre de Cayenne . Ajoutez les canetons et dressez autour les quartiers d’oranges, couchez le jus sur les canetons et laissez les zestes dessus

Recettes Vuillemot .




CARDINAL AU CHAMPAGNE ( Cette recette était la préférée de Cardinal de Richelieu )

Sucre ………………………………..750 grammes
Vin blanc……………………………1/2 litre.
Champagne … ……….. ………….1 litre .

Rhum brun…………… ……………1/2 litre
Fraises rouge et parfumées……500 grammes .
Mettre le Rhum dans un vase de porcelaine ; râpez sur le sucre le zeste de deux oranges et exprimez le jus ; le mettre dans le vase contenant le rhum . Passez la moitié des fraises au tamis fin , ajoutez cette purée au rhum ainsi que les fraises entières et le vin blanc  , mettre sur glace . Au moment de servir ajoutez le vin de champagne frappé et servir dans une bichopiere .


HOFFMAN ET DEVRIEND DANS LA CAVE DE LUTTRE ET WEGNER , KARL THENAMM , 19è.




À FRASCATI , OU LE DIVIN FILET DE BOEUF.


LA SALLE DU FRASCATI AU DÉBUT DU 19è .



A Frascati fut durant plus de cinquante ans , du directoire aux années 1850 , le cri de ralliement des amateurs de plaisirs gustatif ou autre plaisir de la chair et de l’esprit .Tout commence à la fin du 18è siècle et à la campagne de Napoléon en Italie , il ramenât dans ces fourgons une gloire qui lui permettra de devenir ce que l’on connaît , mais pas seulement , il ramène aussi un certain Garchi restaurateur Napolitain qui arrivé à Paris s’empressa de racheter l’hôtel particulier Lecoulteux situé au coin du boulevard Montmartre et de la rue Richelieu près du passage du Panorama.
Transformant ce superbe endroit en café à la mode mais aussi surtout en glacier , il attirât bientôt le tout Paris , aussi bien les Royalistes déchus que les nouveaux promus de Napoléon et l ‘endroit devint bien vite une source de complots et conspirations en tout genres . La superbe terrasse était occupée en été par les Merveilleuses qui occupaient trois chaises, une pour leur divin séant , une pour leurs mignons petits pieds et enfin une pour leur chien de manchon . Elles mangeaient des glaces biens sur mais aussi la

LE CAFÉ FRASCATI AU SECOND EMPIRE.

spécialité de Frascati les galette-paysannes , sorte de grosses crêpes roboratives . La montée au début du 19è siècle de la mode des restaurants naissants ,donnât l’idée à Garchi de proposer aussi une carte de restaurant et ainsi il créa le fameux  » Filet de Bœuf à la Frascati  » mais aussi des pâtisseries nouvelles . Le Filet Frascati traversa les siècles et je me rappelle qu’ au début des années 1960 , date du début de mes exploits en cuisine , les restaurants traditionnelles bourgeois avaient encore à leurs cartes le Filet Frascati .
Frascati avait juste en face de  lui un établissement homonyme « Le Frascati » ce cercle de jeu fonctionnât durant presque un siècle et cet établissement avait comme voisin un restaurant qui s’appelait  » Le Restaurant Des Pieds-Humides  » nom donné en référence aux va-nu-pieds qui fréquentaient cette établissements , ce restaurant était tenu par la Mère Bidoche qui donnât son surnom à la viande , elle ne supportait pas de voir un affamé tourner autour de sa marmite ou cuisait le boeuf et lui octroyait généreusement un morceau pour combler sa faim . Ce restaurant ferma vers les années 1850 et sa clientèle ce réfugia alors au Restaurant Brébant qui était un ancêtre des Restaurants de charité. On allait à Frascati comme on l’appelait et non pas au Frascati . La maison n’était pas ouverte a tous , et on y était d’une sévérité extrême sur la tenue et le comportement . Garchi avait le nez fin et sentait que l’on avait besoin de touts les plaisirs après la terrible période de terreur qui suivit la révolution , aussi bientôt Frascati devint le cercle de jeux le plus huppé de la capitale . L’on y jouait des fortunes en mangeant les plats les plus fin du moment et en buvant les meilleurs vins. Le cercle était ouvert de quatre heures de l’après-midi a deux heures du matin et on y jouait gros et à des jeux interdits ailleurs comme le Creps , les sommes qui passaient sur les tables approchaient des fortunes , un joueur y perdit une nuit 8 millions . On considérait à cette époque que Frascati était le restaurant et cercle le plus connu d’Europe .

UNE MERVEILLEUSE .

Garchi vers les années 1810 sentant que son établissement baissait ,le vendit au banquier Perrin pour 500.001 francs , il faut dire qu’ il avait fortune faite ,  en effet on estimait qu’il ce retirait avec une somme de seize million accumulés durant ces années . Par la suite Frascati passât aux mains de plusieurs personnes avant d’arriver en 1840 de Bénazet futur créateur des salles de jeux à Baden-Baden . Il donnât un goût de luxure supplémentaire en introduisant des dames de petites vertues, des galantes comme on les appelait à l’époque , certaines d’entre elles les plus à la mode étaient au cages de M.Bénazet et servaient d’appâts pour attirer les étrangers , qui de cette manière étaient assurés de perdre leurs argents. Les dames de petites vertues ne fréquentaient pas à cette époque les cercles de jeux, qu’occasionnellement,  c’était la première fois que l’on officialisait cette situation , cela donne une idée des protections don disposait le lieu , il faut dire que vers la fin de son exploitation il payait une somme de douze million de redevance par an à la ville de Paris .
Frascati fût victime des goûts de Napoléon pour l’agrandissement des boulevards de Paris et aussi car à cette endroit du boulevard Montparnasse ces troupes fusillèrent de nombreux citoyens qui c’étaient soulevés en 1851 contre son coup d’état . Démoli en 1854  Frascati disparu à jamais mais pas sa recette de filet de boeuf et sa légende.

LA TERRASSE DU FRASCATI AU DÉBUT DU 19è.



 FILET DE BŒUF À LA FRASCATI ( recette originale ).

Vous prenez un filet de boeuf paré que vous piquez de lard et puis vous le braisé au vin de Madère , une fois cuit vous le tranchez en gros médaillons et vous intercalez des tranches de foie gras sautées et des lamelles de truffes vous reconstituez le tout , et vous servez garnis de bottillons d’asperges et nappez de la réductions de sauce Madère , beurrez , vous garnissez le filet d’attelets à la française , c’est à dire garni de truffes , rognons de coq et champignons tournés .

FILET DE BOEUF À LA FRASCATI ( cuisine moderne bourgeoise 19è)
Piquez et rôtir à point un filet de boeuf coupez en tournedos  ; le trancher transversalement et garnir les tranches de jeunes pointes d’asperges et d’escalopes de foie gras cru , placez le filet reconstitué sur une plaque à rôtir et le napper de sauce demi-glace au vin de Madère , enfournez au four vif 10 minutes . Le dresser sur un plat de service, entourez d’escalopes de foie gras sautées et de tranches de truffes .
Servir à part de la sauce demi-glace au vin de Madère .

FILET DE BŒUF À LA FRASCATI ( cuisine de restaurant )
Rôtir un filet de boeuf , en le laissant saignant , déglacez la sauteuse avec du Madère et mouillez de demi-glace légèrement pimentée, laissez réduire en ajoutant des copeaux de truffes et beurrez . Dressez les filets sur un plat de service et sur chaque filet vous mettez une tranche de foie gras sautée , vous nappez de sauce Madère et terminez en décorant le filet de boeuf d’un petits attelet garni d’une truffe.

LES BAINS FRASCATI AU HAVRE VERS 1880.


Pour terminer on dira que le Filet à la Frascati est l’ancêtre du Tournedos Rossini .

FRASCATI FÛT DURANT TOUT LE DÉBUT DU 19è CÉLÈBRE POUR CES BALS MASQUÉS , EN 1874 LE COMPOSITEUR ARBAN CRÉA L’OPÉRETTE FRASCATTI QUI CONNUT UN TEL SUCCÈS  QUE ARBAN PRIT LE NOM DE FRASCATI . LE NOM DE FRASCATI CE RÉPANDIT PARTOUT EN EUROPE DURANT CE 19è ET DES NOMBREUX RESTAURANTS CE PARÈRENT DU MÊME NOM , MAIS PAS SEULEMENT , AUSSI DES HÔTELS ,  DES CERCLES DE JEUX OU ENCORE DES ÉTABLISSEMENTS DE BAINS .






LE VRAI GÂTEAUX BRETON COMME ON LE FAISAIT AU 19è


 

FEMMES DE PLOUGASTEL AU PARDON DE SAINTE-ANNE-LA-PALUD , CHARLES COTTET 1863-1925.

 Ils existait un gateau que l’on appelait breton tout court et bien avant celui que l’on connait aujourd’hui . Fait à base d’oeufs, sucre, fécule et d’amandes , il était très différent de celui que l’on connait aujourd’hui. La recette originale remonte semble t‘il au début du XVè. Peut apprécié des fines gueules du 19è , il a disparu vers la fin de ce siècle car considéré comme trop lourd et rustique ?? .C’était dans les siècles passés surtout un gâteau confectionné pour les nombreuses fêtes religieuses qui animaient la Bretagne, les mariages , communions et banquets ne pouvaient ce passer de cette excellente pâtisserie, bien armoricaine .
Ce Breton se cuisait dans des grands moules plats et côtelés .

 

UN INTÉRIEUR BRETON , 1886 , JONATHAN  PRATT , PEINTRE ANGLAIS .

PÂTE À BRETON.
400 grammes d’amandes effilées .
650 grammes de sucre en poudre .

1886.


300 grammes de fécule de riz ou de mais .
24 jaunes œufs .
4 œufs entiers .
15 blancs fouettés .
10 grammes de sel .
2 gousses de vanille .

1878.

Pilez les amandes avec le sucre, passez le tout au tamis fin . Mettre les jaunes dans un cul-de-poule , commencez à les travailler à la spatule et ajoutez petit à petit les amandes pilées , continuez a travailler le tout aux moins dix minutes ; ajoutez les œufs entiers un à un . Fouettez les blancs très fermes, mêlez-en la moitié dans le cul-de-poule ; ajoutez petit à petit la fécule . Passez le tout de nouveau au tamis pour bien le mêler ; mêlez ensuite le reste des blancs avec légèreté ; ajoutez la vanille que vous aurez enlevée de sa gangue . Il faut que cette pâte soit bien mêlée, sans trop briser les blancs . Travaillez à la spatule et non pas au fouet, délicatement
Emplir les moules plats à Breton à grosses côtes, préalablement beurrés et farinés .Cuire à papier jaune ( 160 degrés) pendant 20 minutes ou plus si nécessaire , une fois cuit laissez refroidir sur des claies, coupez ensuite en tranches transversales, les masquer de marmelade d’abricots passez au tamis, remettez à sa juxtaposition et glacez avec du fondant a la vanille .
Masquez le fond d’un plat de service de sucre vert et empilez les tranches de Breton les unes sur les autres comme une pyramide. Décorez avec une poche à douille de meringue italienne ou avec du glaçage fondant au sucre rose et vert, deux couleurs sont nécessaires à sa décoration mais pas plus .

DICTIONNAIRE DE CUISINE 1890.
GOUTER AU CHAMPS-ÉLYSÉES, J. GEOFFROY.


BRETON À L’ORANGE.
Faites une pâte à breton comme dit plus haut, ajoutez des zestes d’oranges et un peu du jus d’orange , cuire comme précédemment, coupez les gâteaux en tranches horizontales et masquez avec de la confiture d’oranges amères et glacez avec du fondant à l’orange .
Décorez avec de la meringue à l’italienne blanche et verte .
Couronnez d’un pompon de sucre filé .

On peut aussi remplacer l’orange par du citron .

BRETON AU KIRSCH ET AUX FRAISES.
Préparez les gâteaux comme d’habitude , mais ajoutez 30 grammes de kirch et 30 grammes d’amandes effilées entières . Lorsque le gâteau est cuit et refroidi ; tranchez le tout et imbibez légèrement de kirch; masquez la première tranche avec une légère couche de gelée de fraises, la deuxième avec une couche de gelée de pommes, et continuez ainsi en alternant, empilez le tout. Glacez avec un fondant aux fraises et au kirch est terminez avec une meringue italienne verte et rose .

Couronnez avec une aigrette de sucre filé..

L’HEURE DU GOUTER OU BRETONNE RACONTANT UNE HISTOIRE A SONT ENFANT.LOUIS-MARIE BAADER , 1828-1920.




ON MANGEAIT AUSSI DES FLEURS AU 19è, CHERVIS, RAIPONCE OU PISSENLIT.


 

LA « CHANDELLE  » LOUIS GALLIA , 1849-1934.

FLEURS , TIGE ET FEUILLE DE RAIPONCE

Les légumes oubliés ils en existent beaucoup, certains pour de bonnes raisons, on ne sait pourquoi pour d’autres . Certaines plantes potagères ayant servies pendant plusieurs siècles, étaient complètement abandonnées dès le 19e siècle, une bonne part des abandons de la culture de ces plantes et herbes potagères était due à la culture intensive de la pomme de terre qui prit leur place dans le jardin et culture . Il faut dire aussi que cette culture de la pomme de terre de Parmentier était bien plus facile et rentable que ces plantes et herbes aux goûts quelques fois un peu bizarres dirons-nous et surtout beaucoup moins nourrissantes, au moment où les besoins de la population grandissante se faisaient sentir .
On ne rencontrait plus déjà vers les milieux du 19e dans les jardins de Chervis, Maceron, Livèche, Ansérine bon-Henry ou encore la Patience, toutes salades cultivées pour leurs feuilles ou leurs fleurs mais aussi leurs racines et d’un goût souvent surprenant à l’époque . Et pourtant au 18è

elles étaient d’une culture courante dans les jardins et consommées dans les plus grandes

maisons, même Royale commence les jardins potagers de Versailles.
Les herbes potagères comme, la Rue, le baume-Coq, la tripe-madame , la corne-cerf ou

RACINE COMESTIBLE , BETTERAVE , CAROTTE , RAIPONCE .

encore la buglosse étaient elles aussi très employées dans l’ assaisonnement des plats et salades de l’époque . L’une des causes de l’abandon de la culture de ces plantes et herbes qui étaient sauvages à la base, par l’horticulture, est pour le maceron et la livèche l’introduction du Céleris au XVII e, ceux-ci d’origine asiatique étaient plus faciles à cultiver et d’une conservation plus longue et d’un goût agréable, mais aussi comme dit plus haut l’introduction de la pomme de terre prendra leur place.
Ces herbes et plantes potagères étaient souvent plus épicées et d’un goût plus piquant que celle qui va les remplacer, leurs goûts forts destinés à masquer l’état souvent avancé des viandes, gibiers et poissons consommés à l’époque .L’évolution des mœurs et désirs de consommer des produits au goût plus frais et plus naturel , ce qui n’était pas toujours le cas dans le passé à cause de leur conservation aléatoire  , a sonné le glas de ces plantes du temps passé.Manger des plantes potagères que l’on trouve dans les champs et bois reste aujourd’hui encore d’un usage courant bien qu’en perte de vitesse , c’était au 19è et avant d’une importance vitale pour bon nombre de Français qui trouvaient ainsi une façon économique de manger des produits frais et gratuits .


A tout seigneur , tout honneur ; le pissenlit qui lui n’est pas oublié et qui est et était consommé depuis la nuit des temps dans le sud de l’Europe et puis partout en Europe avec l’avancée de sa propagation dans les champs et les prés .
A la renaissance on chantait les qualités de cette plante , considérée comme médicinale et  surtout dépurative , elle était consommée à l’époque souvent cuite ou en salade fraîche , on la mangeait même lorsqu’elle n’était plus une jeune pousse , ils suffisait dit-on à l’époque de la tremper dans de l’eau et du vinaigre pendant quelques temps pour lui enlever sont amertume ou la blanchir.
Dès que les premiers pissenlits apparaissaient dans les prés et les champs, les jeunes enfants et les  femmes les cueillaient et les vendaient sur les marchés et halles du pays . C’était la premières salade fraîche de la saison , on est étonné que sa culture n’apparaisse que vers le début du 19è , en effet avant cela on se contentait de la récolté sauvage , alors qu’il existait toute une culture horticole dans le pays capable de cultiver le pissenlit , seule Nancy avait une culture du pissenlit conséquente.
Quelques amateurs la cultive vers le début du siècle et il faut attendre 1839 pour qu’un certain Monsieur Ponsard de Chalons-sur-Marne adresse une lettre au célèbre Monsieur Vilmorin ( déjà considéré comme la sommité en horticulture ) dans laquelle il l’informe que sa culture du Pissenlit Dent de Lion est une grande réussite et qu’il souhaite la développer et il va ainsi donner le départ d’un véritable développement de cette culture partout en France .  Monsieur Châtelain en 1857 développe a Montagny ( Seine-et-Oise ) une vrai industrie horticole du pissenlit ( plusieurs centaines d’hectares étaient dédiés aux pissenlits dans cette commune ) cette culture va existér jusqu’au début du 20è siècle et prospérer , pourquoi l’a ton abandonné , mystère  ????
On retrouve en vente dans le catalogue de Vilmorin jusqu’au début des années 1920 des graines de pissenlit Dent de Lion pour la consommation en salade .
Cette espèce cultivée était semée au mois d’octobre sur un terrain plutôt sablonneux et récoltée dès le début du mois de mars , moins amère que la sauvage et plus tendre elle était très appréciée sur la table des gourmets et des restaurants de classes . On la consommait surtout en salade ou alors blanchie comme une chicorée .

LES RAMASSEURS DE PISSENLITS , RENÉ PERROT 1912-1974.


LE RAIPONCE ( Campanula Rapunculus ).

RAIPONCE SANS CES FLEURS LES CAMPANULES

Cette plante bisannuelle , indigène a la France , très charnue , tendre et d’une saveur douce , ce mangeait en salade pour ces fleurs et ces feuilles , et l’on travaille ces racines comme le raifort .
On la semait en juin ou juillet , dans un mélange de terre fine et de sable , et on pouvait la récolter en automne et même en hiver.
Sa culture remontait elle au moyen-âge et un des poème du roi René d’Anjou chante le raiponce dans la description d’un repas rustique ou figure la raiponce .
La salade de raiponce était un mets recherché au XVè et Rabelais , classe le Raiponce comme un mets usité à l’époque .
Au XVIIe et XVIIIe  , le Raiponce , salade d’automne et d’hiver était très en vogue . D’après le cuisinier La Varenne , on la servait dans le repas d’apparat . La culture a diminué vers la fin du XVIIIe ,elle restera populaire au début du XIXe , mais elle disparaîtra des marchés vers la fin du siècle et sa culture périclitera , bâton de Jacob , cheveux d’évêque ou encore pieds de sauterelle étaient ces surnoms en France .
On mangeait ces fleurs les campanules crues en salade , puis l’on consommait ces tiges et ces feuilles soient crues soient blanchies elles aussi en salade ou cuites comme la chicorée et enfin ces racines étaient râpées ou blanchies comme le raifort et utilisées comme assaisonnement ou en salade .

LE CHERVIS .

 LE CHERVIS  ( Sium Sisarum L ).

Originaire de l’Asie , cette plante c’est peu à peu implantée en Europe et sa consommation sera à son comble vers le XVIè siècle ,  les fleurs , les feuilles et ses tiges , puis les racines sont mangées de façon différente comme le Raiponce .
On le récoltait lui aussi dès la fin des frimas .
D’un goût sucré et fort doux comme le Dahlia les fleurs du Chervis étaient appréciées dans les salades composées de Maceron et de Raiponce , le cuisinier La Varenne dans son livre de cuisine , Le Cuisinier François , 1651 dit que le Chervis se sert sur les meilleurs tables .
Ces tiges et feuilles étaient elles blanchies et mangées en salade ou sautées au beurre , en friture , etc.
Ces racines elle étaient soi blanchies et travaillées comme les tiges et les feuilles , comme les scorsonères, soi râpées crues et utilisées comme assaisonnement .
Le Chervis était encore cultivé et vendu sur les marchés et les halles au début du XIXè , ( son nom apparait dans le calendrier révolutionnaire de 1794 , a la place d’un saint ) mais sa culture sera bien vite remplacé par le légume a la mode , la pomme de terre , et le Chervis disparaîtra petit à petit des assiette .

ESCARGOT , PISSENLIT ET PAPILLON , ELISABETH MATTHES ,1749-1808 ?.