A Harpia Que Consome Por Dentro


Um Jantar Com Salvador Dalí


Emily Dickinson – Com Dois Ovos Faço Um Bolo


LES MADELEINES DE COMMERCY DE MADAME PAUMIER .


MOULE A MADELEINE EN CUIVRE FIN XIXè , MUSÉE GALLÉ-JUILLET .
César-Bérbard

Commercy et sa madeleine sont connus depuis la seconde moitié du XIXè , alors pourquoi cette madeleine est plus connue que les madeleines d’une autre ville de France . La réponse est simple , l’industrialisation , un certain César-Berbard eut la bonne idée de développer sont usine de madeleine qui était juste en face de la gare de Commercy , et de vendre sur le quai via d’accortes jeunes femmes ces madeleines aux voyageurs qui passaient par cette gare ( Commercy était une gare-étape importante pour voyager vers l’est de la France ). C’est ainsi que grâce au chemin de fer ce répandit dans toute l’hexagone ces délicieux petits gâteaux comme on les appelait à l’époque .

La recette de la madeleine , que l’on n’appelait pas encore comme cela, elle est bien antérieur à cette époque , certainement originaire d’Espagne , la madeleine alors avait de nombreuses formes et différents ingrédients . Ci-dessous le lien pour voir l’article sur les pâtes à manquées et fanchettes , ancêtre des madeleines .

http://lacuisinefrancaisedantan-jadere.blogspot.fr/2011/02/les-madeleines-et-manque-de-jule.html

Formes de madeleines au XIXè .

Très appréciées des gens qui désiraient soulager une faim pressante , elles ce vendaient dans les boulangeries et pâtisseries , à la pièce , mais pas seulement . De nombreuses vendeuses ambulantes la proposaient au coin des rues , ou sur les ponts ou il y avait toute une série de petits commerces alimentaires.

L’origine de la recette de la madeleine de Commercy est comme d’habitude contestée ,  c’était soit un cuisinier du célèbre roi gastronome Stanislas ou même selon certaines versions le roi lui-même , ou alors Madeleine Paumier cuisinière d’une noble de Commercy , Mme Perrotin de Barmond , les deux  version date du XVIIIè , cette dernière version à aussi comme avantage d’expliquer le nom de madeleine donné à ce gâteau .

Formes de madeleines au XIXè
Le cannamelise français ,1786 .

Cela ne convainc guère car le nom de madeleine était déjà connu avant cela pour ses petites douceurs , une version qui semble plus réaliste et celle donnée involontairement , dans un de ces écrits par Restif de la Bretonne( 1734-1845 ) qui parle de ces Madeleines qui vendaient au coin des rues des petits gâteaux .

Les madeleines , François kollar , 1931 , Grand palais

Au XVIIè  et surtout au XVIIIè les boulangers et pâtissiers s’aperçurent que de jolies et jeunes vendeuses , étaient la meilleur façon de faire bonnes affaires dans leurs commerces , elles prirent bien vite le nom de Madeleine ( nom populaire et très répandu à l’époque ) , par extension les vendeuses de gâteaux ambulantes prirent aussi ce surnom .

C’est une des explications les plus plausible , peut être qu’un de mes lecteurs en à une autre ????.

Pour revenir aux madeleines de Commercy, il faut noter que les recettes originelles transmises par les descendants de Mme Paumier ne parlent pas de moules en forme de coquille Saint-Jacques , mais de déposer la pâte sur un moule à madeleine beurré , la forme en coquille ne viendra qu’ avec l’industrialisation du produit vers la seconde moitié du XIXè et un brevet sera déposé à cette époque pour protéger la forme et la recette originale de la Madeleine . Une des raison de cette forme qui est plus étroite qu’une coquille Saint-Jacques est que la mode de tremper une madeleine dans sa flûte à champagne faisait fureur .

La forme en coquille saint-Jacques de la madeleine de Commercy ne doit pas nous étonner plus que ça , ce symbole du pèlerinage de Compostelle déjà connu depuis plusieurs siècles , était utilisé en cuisine et en pâtisserie .  Et ce symbole religieux pour un produit consommable en période de carême ( si nombreux à ces époques ) ne pouvait pas nuire commercialement , de plus Commercy n’est pas loin de Chalon-en-Champagne , ville de départ du pèlerinage dans l’est .

Une des choses les plus importantes lorsque l’on fait des madeleines façon Commercy est de travailler avec beaucoup de sérieux les ingrédients qui doivent être de première qualité , prenez votre temps et le résultat sera parfait .



LA MADELEINE DE COMMERCY DE MADAME PAUMIER .

Marchande de plaisirs , XVIIIè , Grand Palais .

Râpez sur un morceau de sucre le zeste de deux citrons ; écrasez ce sucre très fin ; mêlez-le avec du sucre en poudre ; pesez-en neuf onces ( un once égale 28,34 grammes ) que vous mettez dans une casserole avec huit onces de farine tamisée , quatre jaunes d’oeufs et six œufs entiers , deux cuillerées d’eau-de-vie d’Hendaye ( ancêtre de l’Izarra ) et une pincée de sel ; remuez ce mélange avec une spatule . Lorsque la pâte est liée , vous la travaillez encore une minute seulement . Cette observation est de rigueur si l’on veut avoir de belles madeleines ; autrement , le mélange étant plus travaillé , il fait beaucoup trop d’effet à la cuisson et cela dispose les madeleines à être trop compacte , à s’attacher au moule . Faites ensuite clarifier dans une casserole dix onces de beurre ; au fur et à mesure que le beurre monte dessus , vous l’écumez ; lorsqu’il ne pétille plus , cela indique qu’il est clarifié ( un conseil prenez un bon beurre de baratte  ) ; alors vous le tirez à clair dans une autre casserole ( c’est-à-dire le versez dans une autre casserole doucement en évitant de verser le fond , ou petit-lait  ) .

Lorsqu’il est un peu refroidi , vous en emplissez un moule à madeleine ; vous versez ce beurre dans un autre moule  et ainsi de suite , jusqu’aux nombres de huit ; après quoi , vous reversez le beurre des moules dans la casserole ; vous garnissez ensuite de nouveau des moules par huit en suivant la même méthode , vous recommencez deux fois cette opération , ce qui vous donnera trente deux moules beurrés . Il ne faut pas renverser les moules après les avoir beurrés , attendu qu’ils doivent conserver le peu de beurre qui s’égoutte au fond de chacun d’eu .

Après , vous mêlez le reste du beurre dans le mélange et puis vous le placez sur un coin de fourneau très doux , vous remuez légèrement ce mélange afin qu’il ne s’attache pas à la casserole et aussitôt qu’il commence à devenir liquide vous le retirez du feu pour qu’il n’ait pas le temps de se tiédir , ensuite , vous garnissez les moules avec une cuillerée de cette appareil et vous les mettez au four à chaleur modérée sur un plaque en tôle et cela le temps nécessaire à leurs cuisson .

Cette recette vient directement des descendants de Mme Paumier .

F. Barthélémy 1880

HENRY MEILHAC , AUTEUR DRAMATIQUE , 1830-1892 .

OILLE AU POTIRON .


 

POTIRON DÉCOUPÉ , PHOTOGRAPHIE ANONYME SUR PAPIER ALBUMINE 1870 , MUSÉE DE DRESDE

Le potiron était connu depuis l’antiquité par les romains , mais il faudra attendre le XVè siècle pour le voir apparaître sur les tables en France . Consommé surtout en potage ou en purée , il était apprécié à partir de cette époque de toutes les classes sociales , et on le voit sur la table de Louis XIV qui n’était pas considéré comme un fin gourmet cependant .Au XVIIIè et XIXè la consommation dans le beau monde va disparaître peu à peu , il deviendra un produit surtout populaire et considéré dorénavant comme peu digne des fines gueules royales ou pas  .

Les recettes de potiron vont disparaître des livres de hautes cuisines , et n’apparaître bientôt plus que dans les livres de cuisine pour la petite bourgeoisie ou alors dans les nombreux livres qui mêle santé et cuisine , on cherchait à l’époque ( déjà ) à curer tout les maux de l’homme par la nourriture .

LES HALLE DE PARIS A HAUTEUR DE L’ÉGLISE ST/EUSTACHE , SEEBERGER FRERES , 1901 , MEDIATHEQUE DE CHARENTON LE PONT

L’Oille ou Oîle ou encore Ouille est un vieux nom d’origine hispanique , ce plat peut être considéré comme un mélange de soupe épaisse et de purée , agrémentées de tout ce qui leurs tombaient sous la main si l’on s’en réfère au fameux oille podrida , qui est à mon avis un plat complètement délirant et qui eut pourtant son heure de gloire au  XVII , XVIII et début XIX . 

http://lacuisinefrancaisedantan-jadere.blogspot.fr/2011/05/oille-ou-olla-podrida.html


La recette de oille au potiron que je vous propose date de la moitié du XVIIIè , mais elle était encore préparée au début du XIVè . On cessa d’utiliser le nom de oille vers le milieux de ce siècle .

POT A OIL EN ARGENT DE LA FAMILLE D’ORLÉANS , XVII è , MUSÉE DU LOUVRE , ON PLAÇAIT UN RÉCHAUD SOUS LE POT .

OILLE DE POTIRON .

Il faut avoir un potiron qui doit être choisi bien rond et de la grandeur d’un pot à ouille ( une grosse soupière ) , coupez le dessus en forme de couvercle , de façon que vous puissiez  le remettre en place une fois ouvert , ôtez-en les chairs et les pépins , jetez les pépins . Ensuite vous ferez des petites ciselures sur tout l’extérieur du potiron sans le percer . Faites une meringue de blancs d’oeufs bien ferme avec du sucre fin , vous mettez cette meringue sur tout le pourtour intérieure et la face coté chair du couvercle , mettez à cuire à feu très doux et cela pendant deux heures sur un plafond ( une plaque pâtissière )  . Une fois cuit vous le placez sur le plat qui servira  à table .

D’autre part avec la chair retirée du légume , faites une purée au beurre lié aux jaunes d’oeufs délayés au lait  .

Quand vous êtes prêt à servir , ajoutez au fond du potiron des tranches de pain de seigle coloré au four et versez dessus la purée , fermez le couvercle , servez chaud .

Cette recette qui vous semblera plus proche d’un dessert que d’une plat salé , était à l’époque , un entremet à servir en entrée ou en dessert ?

Pour mémoire le sucre fut vendu exclusivement en pharmacie ( et faire leurs fortune ) jusqu’à la révolution ,on ne savait pas vraiment si l’on devait l’utiliser comme un condiment normal , comme le sel ou le poivre , et la distinction entre plat salé et sucré était bien moins franche que maintenant .

POT A OILLE EN ARGENT DU PRINCE ORLOFF , XVIIIé , MUSÉE DU LOUVRE

PUDDINGS DE POTIRON .

Coupez en lames de gros morceaux de potiron , après les avoir épluchés , blanchis,

 égouttés et desséchés au feu dans une casserole avec du beurre . Assaisonnez de sel , poivre , d’un peu de sucre , et incorporez de la sauce béchamel réduite , laissez bouillir un instant , puis passez au tamis . Cassez quelques œufs dans cette purée , amalgamez , puis versez dans un moule à bordure grassement beurré ; faîtes cuire au bain-marie ; pour servir, démoulez sur un plat et garnissez le puits de petits navets à la béchamel ou autre petits légumes . Il est sage d’essayer l’appareil avant de le mettre dans le moule ; s’il était trop léger il faudrait y ajouter un ou deux œufs . Quelques cuillerées de crème double dans la béchamel font au mieux dans ce pudding .

DÉBRIS D’UN  DÉJEUNER , SIMEON CHARDIN , 1669-1779 ,MUSÉE DU LOUVRE.



LES PIGEONS EN COMPOTE ET AUTRES RECETTES DU PIGEON .


 

FEEDING THE PIGEON , THOMAS BROWN , 1887 , GLASGOW MUSEUM .

Le pigeon était très consommé et apprécié par toutes les classes de la société au XIXè , facilement trouvable sur les marchés et d’un prix abordable , il constituait un plat de choix pour les jours de fêtes et une bonne occasion de manger un produit un peu différent de l’ordinaire . 

On le prenait jeune et tendre et si possible et d’élevage , mais des recettes de ramier , tourterelles et colombes nous rappelle que l’on mangeait absolument tout se qui volait dans le beau ciel de France , la nécessité de se nourrir rendait les consommateurs moins exigeants qu’à notre époque .

A.Dumas dans son dictionnaire de cuisine rappelle que les pigeons se scindaient à son époque en quatre catégories , les romains , les cochois , les bizets  ( qui est à l’origine de la race ) et les gautiers .

DIVERS TYPE DE PIGEONS , ILLUSTRATION ALLEMANDE DU XIXè , MID-MAHATTAN MUSÉUM

Les gautiers semblaient être ses favoris pour la cuisine , mais des années plus tard l’on conseille pour leurs excellences les pigeons cravates et les pigeons capés du mans .

Il eut aussi un rôle important dans la confection des attelets qui décoraient les pièces montées des buffets tarabiscotés , en vogue jusqu’aux années 1870 .

CÔTELETTE AUX TRUFFES

La chair était souvent aussi retravaillée en côtelettes , cela permettait de passer des pigeons plus âgés  , cette méthode avait une grande vogue en ces temps-la , aussi bien pour les volailles que pour le gibier.  Cela consistait à dépouiller le pigeon de toutes ces chairs cuites et de reconstituer des côtelettes après avoir mélangé à la viande différents ingrédients , et utilisé un moule ad-hoc. Ensuite on passait au beurre ces côtelettes reconstituées et on les montait autour d’un socle garni et rempli de façon variée .

La façon la plus courante d’accommoder les pigeons était le célèbre pigeon au petits pois; qui fit le bonheur de nombreux repas des dimanches bourgeois et cela pendant plus d’un siècle .

COLOMBA PALUMBUS , JOHN GOULD 1804 -1881 , BIBLIOTHÈQUE DE FRANCE .


COMPOTE DE PIGEONS.

Faites légèrement roussir dans du beurre frais , 125 gr. de lard coupé en petits morceaux .

Faites revenir dans une casserole , sans retirer les  morceaux de lard , trois ou quatre pigeons que vous retournerez pour qu’ils prennent couleurs  de tous cotés . Ajoutez une vingtaine de champignons coupés en quatre , un bouquet garni , un bon assaisonnement de sel et poivre et une tasse de bouillon . Laissez cuire sur un feu doux jusqu’à ce que les pigeons soient très-cuits ( les pigeons doivent tomber en compote ) . Retirez les pigeons de la casserole ; dressez-les sur un plat chauffé d’avance , et rangez tout autour les morceaux de lard et les morceaux de champignons qui ont cuits avec les pigeons . D’autre part faites un roux blond ; mouillez-le avec du jus de cuisson des pigeons , et versez cette sauce bouillante sur la compote de pigeons  . C’est une des manières les plus simples et en même temps des meilleurs que la cuisine bourgeoise emploie pour accommoder les pigeons.


PIGEONS EN PAPILLOTE .

Préparez quatre très jeunes pigeons , comme pour faire cuire en crapaudine ( entièrement désossé de l’intérieur ) ; assaisonnez-les fortement des deux cotés de sel et poivre , et faite-les revenir dans 125 gr. de beurre frais fondu avec quatre cuillerées d’huile d’olive . Retournez les pigeons de façon à les colorer de tout cotés et laissez-les complètement refroidir . Versez dans la casserole deux cuillerées de champignons , une d’échalote et une de ciboulette , le tout haché très-fin .

Quand cet assaisonnement est cuit , étendez-le sur les deux cotés des pigeons refroidis , et enveloppez chaque pigeon dans une papillote de papier huilé  ( jusqu’aux années 1960 , on utilisait du papier sulfurisé et huilé pour les papillotes , on scellait ce papier avec du jaune d’œuf ou du beurre manié ) .

Faites-les cuire sur un gril ( ou dans un four ) pendant une demi-heure , avec un feu très doux .

Servez en même temps que les pigeons une sauce faite d’un roux clair , mouiller d’un demi verre de vin blanc et d’une demi tasse de bouillon et le reste du jus de cuisson des pigeons  , bien assaisonner de sel , poivre de Cayenne et un filet de vinaigre .


PIGEONNEAUX AUX QUEUES D’ÉCREVISSES .

Faites cuire quatre pigeonneaux dans du bouillon dégraissé avec un bouquet garni et un bon assaisonnement de sel et de poivre . Faites cuire séparément une bonne garniture de champignons , échalotes et queues d’écrevisses épluchées . Une fois les deux préparation cuites les réunir dans une casserole . Saupoudrez le tout d’une cuillerée de farine et mouillez avec le jus des deux cuissons passées au tamis . Laissez mijoter le tout pendant vingt à vingt-cinq minutes . Au moment de servir , délayez deux jaunes d’oeufs dans trois cuillerées de bonne crème épaisse  avec une forte pincée d’ail et cerfeuil hachés ; décantez la sauce du ragoût , ajoutez-la peu à peu à cette liaison , et reversez le tout aussitôt sur les pigeons aux écrevisses ,dressez sur un plat et entourez d’une garniture de quenelles d’écrevisses et de champignons tournés .


Pour terminer une recette de colombe en potage assez originale .


POTAGE CRÈME DE COLOMBE .

Pour dix personnes , faites cuire trois colombes de nid , préalablement nettoyées , dans trois litres de fond blanc de volaille , dans lequel on aura ajouté un litre de consommé clair , une fois cuit levez les chairs , les piler et les passer au tamis ; avec cette purée faites un appareil à la royal poché au four dans des petits moules à baba . Au moment de servir , démoulez les petits pains , les mettre entiers dans la soupière , lier le potage avec des jaunes d’oeufs et du beurre , et versez dessus .

Se sert avec des croûtons en forme de cœurs .

L’appareil à la royal consiste à mélanger la chair avec une sauce suprême très liée un  peu comme un appareil à quenelle .

LA FEMME AUX PIGEONS , PHILIPPE ZACHARIE 1849-1915 , MUSÉE DE ROUEN .






LES POTAGES SAINT-GERMAIN .


PAYSANNE DANS SON POTAGER , CHRISTIAN BAER 1853-1911, MUSÉE DE MUNICH

Paulette mangeant sa soupe , Paul helleu 1859-1927

Les faubourgs de Saint-Germain en Laye furent le long des siècles une vaste forêt , un vaste espace de maraîchage et un château royal, puis envahis dès le XVIIè par des parisiens désireux d’échapper au carcan de la grande ville , les terres cultivées commencèrent à ce réduire comme peau de chagrin. De nombreux nobles et moins nobles se firent construire de grandes demeures  .

Cela bien sur avec conséquence la disparition des maraîchers , au XVIIIè , le faubourg devint un lieu très prisé pour ces noble demeures , mais il subsista un grand marché ou foire aux fruits et légumes , mais aussi aux porcs et gibiers , le premier et le plus grand de Paris . Cela explique les bases du potage saint-germain , le petit pois et la couenne de porc .

Le petit pois était la vraie base du potage ce qui en faisait bien-sur un potage saisonnier

 ( comme la plupart des potages à l’époque , même les carottes appelées racines , avaient une saison), on eut l’idée au XVIIIè de le faire hors-saison avec des pois cassés secs.

La colonisation de l’Algérie en 1830 et la culture du petit pois en toutes saisons dans ce pays amena sur les étals des marchés des petits pois toute l’année , mais le plis était pris de faire le Saint-Germain avec des pois cassés .

Saint-Germain avait deux autres spécialités ou curiosités alimentaires , la poire de Saint-Germain , poire tardive qui se récoltait en automne sur place, et le café Procope , qui fut créé en 1672 sur le fameux marché par deux Arméniens qui tenaient le café sur le marché les jours de foire et dans la rue Bussy en dehors de ce temps.

Les deux fils de ces Arméniens , Grégoire et Procope , transportèrent le café rue du Fossé à Saint-Germain ou il ouvrirent le fameux Café Procope , considéré comme le premier café parisien .

LE CAFÉ PROCOPE AU XVIIIè

POTAGE SAINT-GERMAIN DE POIS VERT AU GRAS

Cette recette peut être considéré comme l’originale .

Faites cuire 1 litre et demi de pois verts ( ancien nom des petits pois ) à grande eau . Salez et ajoutez 1 oignon et 1 carotte , retirez la carotte une fois le tout cuit passez

  à l’étamine .

Mettez la purée dans une casserole avec 5 grammes de sucre , puis mouillez avec 2 litres de consommé de volailles , ajoutez des dés de couenne de lard et deux pieds de porc que vous aurez coloré à la poêle avec du beurre  , tournez sur le feu , pour éviter que la purée attache , et au premier bouillon , mettez sur le coin du fourneau à mijoter .

Lavez un kilo de riz que vous égouttez et faites cuire avec une fois et demi sa quantité de consommé de volaille , égouttez une fois cuit , et mettez-le dans la casserole avec la purée , laissez mijoter 10 minutes , retirez les pieds de porc et liez avec 60 grammes de beurre . 

Si le potage est trop pâle , ajoutez-y du vert d’épinard passé au tamis de soie .

Il existait un Saint-Germain au maigre , car il y avait jusqu’au XIXè 150 jours de Carême dans l’année . Sa recette est la même et simple , il suffit d’enlever la couenne de lard et les pieds de porc, mais vous laissez le consommé de volailles qui était considéré comme maigre , la piété à ses limites .

POTAGE DE POIS A LA SAINT GERMAIN .

1833

Une seconde version de l’originale .

Mettez dans une casserole 90 grammes de farine que vous mouillez avec 1 litre de consommé tiède pour faire la liaison ; Faites bouillir 2 litres de consommé de volailles , versez la liaison à travers la passoire dite chinois  dans le consommé bouillant , en ayant soin de tourner avec la cuillère de bois pour éviter les grumeaux .

Ajoutez 5 grammes de sel , 5 grammes de sucre , 1 bouquet garni et 1 litre de petits pois  écossés bien frais que vous avez parfaitement lavé , 5 tranches de poitrines de porc avec bardes .

Continuez à remuer avec la cuillère , faites mijotez sur un coin du fourneau jusqu’à entière cuisson des pois et du porc .

Écumez ; mettez dans la soupière avec des larges tranches de pain de campagne grillé et un bon morceau de beurre.

POTAGE SAINT-GERMAIN .

Cuire des petits pois bien frais dans une casserole avec des laitues fraîches ,des blancs de poireaux , cerfeuil et estragon ; le tout assaisonné d’un appareil mirepoix composé de carottes , oignons , poivre en grains concassés , lard maigre et jambon , un clou de girofle et sauter à la poêle .

Passer le tout au tamis une fois cuit , puis à l’étamine et ajouter du bon consommé blanc de veau , du beurre fin et servir avec des petits pois fins en guise de croûtons et quelques feuilles d’estragon et de cerfeuil .

POTAGE SAINT-GERMAIN DE RESTAURANT.

Procéder comme pour le potage ci-dessus en remplaçant les petits pois par des pois cassés ( rendant ainsi cette recette disponible en toutes saisons ) ; ajouter des haricots verts ou des épinards passés au tamis

LE PIGEON AU PETIT POIS , PABLO PICASSO , MUSÉE D’ART MODERNE PARIS

 

 

 

CROISSANT ORIGINALE , DE CONDÉ ET PROVENCALE.


LA PREMIÈRE FEMME APPRENTIE EN BOULANGERIE A BERLIN , 1914 , MEDIATHEQUE DE CHARENTON LE PONT

Je ne vais pas revenir sur la trouvaille ( contestée ) du boulanger viennois Peter Weidler qui pour faire bisquer Mahomet II et ses troupes  assiégeants Vienne , inventa non pas la recette de base du croissant qui existait déjà ( assez éloignée de l’actuelle ), mais sa forme , non plus droite , mais en forme de croissant de lune , étendard du grand Mahomet II.

Appelé , au commencement lune ou cornet ou demi-lune, sa notoriété se répandit lentement en Europe. Le croissant ne vint vraiment en France que à partir des années 1840 et cela grâce à une pâtisserie Viennoise qui s’ouvrit à Paris , mais son rayonnement en France fut long, et pour explication il faut rappeler que les matières premières pour la fabrication des croissants n’étaient pas aussi couramment trouvable qu’ à notre époque , le beurre rarement de bonne qualité , vite rance et onéreux , la farine de blé souvent introuvable et sujette à de nombreuse fraudes , quand à la levure on ne mettra au point une levure stable et de bonne qualité que vers les années 1850 .

 Rappelons que le sucre quand à lui coûtait très chère ( au début du  XIX siècle un kilo de sucre de canne coûtait 20 francs , soit quatre jours de salaire pour un bon boulanger ) avant l’invention du sucre de betterave , pour mémoire , Madame de Maintenon fabriquait ses confitures avec 125 grammes de sucre par kilo de fruits .

Ce n’est donc que à partir du troisième quart de ce siècle, que le croissant grignota la brioche jusque-là la reine incontesté, pour rompre le jeune du matin et cela bien-sur uniquement pour les nantis , la grande masse des français se contentant le matin d’une soupe de pain .

Si sa formule a peu changé depuis cette période , c’est surtout la réglementation officielle ( Loi de 1901 ) qui imposât un croissant au beurre en forme de demi-lune et un croissant sans beurre mais avec matière grasse une forme droite , avant cela les mauvais croissants fleurissaient dans les boulangeries hexagonales .

Pour commencer je vous rappelle ci-dessous la formule originale du croissant viennois au XIXè , suivie du croissant à la Condé purement français ( pour l’anecdote , à la mort du grand Condé , un des plus grands gastronomes de son temps , la personne chargée de mettre de l’ordre dans ces affaires financières s’aperçut qu’il laissait l’équivalent de plus  deux cents mille Euros de dette chez ses fournisseurs de produits de bouche , comme on disait à l’époque ), à la mode au XVIIè et au XIXè , mais qui est depuis  tombé en désuétude et enfin un croissant provençale très originale et fantaisiste .

LIVRAISON DE FARINE A REIMS , PAUL CASTELNAU 1880-1949 , MEDIATHEQUE DE CHARENTON LE PONT


LE CROISSANT VIENNOIS ORIGINALE.

Les proportions : Farine de gruau de Hongrie………  1 kilo , Beurre ….. 300 grammes…….. , Levure ……40 grammes, Lait………1 litre .

Commencez par le levain , à cet effet : Disposez en fontaine 125 grammes de gruau , placez au milieu la levure , que vous délayez avec un peu de lait tiède , puis pétrissez le tout que vous travaillez jusqu’à ce que la pâte , qui doit être plutôt  molle que ferme , se détache bien des doigts .

Mettez la ensuite dans une terrine couverte , que vous placez dans un endroit tiède , pour y laisser lever la pâte du levain pendant une demi-heure .

Au bout de ce temps , lorsque le levain a au moins doublé de volume , délayez-le avec le restant du litre de lait , dans lequel vous avez fait dissoudre le sel .

Incorporez alors le restant de la farine au levain , ainsi délayé , et pétrissez bien le tout pour en former une pâte un peu se détachant parfaitement des doigts .

Roulez cette pâte en une boule que vous farinez légèrement et laissez reposer une dizaine de minutes .

Au bout de ce temps , aplatissez cette pâte comme la détrempe pour feuilletage , mais assez mince ; puis par dessus étalez y le beurre en couche bien égale , tout en ayant soin de ne pas en recouvrir les bord .

Ployez la pâte , de façon que le beurre s’y trouve bien enfermé à l’intérieur .

Reployez ensuite la pâte en boule que vous placez sur un linge et au frais pour y laisser la pâte pendant 2 heures au moins . Généralement , on prépare ainsi la pâte le soir pour la cuire le lendemain matin .

Pour dresser les croissants , on commence par reployer sur elle même la pâte , pour en reformer une boule que l’on laisse reposer pendant un quart d’heure ; puis allongez cette pâte en boudin que vous découpez en morceaux , à raison de 40 par kilo de pâte pour ceux vendus 5 centimes , et 20 pour vendus 10 centimes ( prix d’un croissant en 1897 ) .

Après avoir roulé en boules ces morceaux , laissez-les reposer une dizaine de minutes , puis , à l’aide d’un rouleau , vous abaissez pour les rendre ovales .

Reployez alors sur le milieu l’abaisse de pâte et roulez la comme une cigarette , à laquelle vous donnez la forme d’un croissant ; placez-les ensuite à mesure , sur une planche recouvert d’un linge légèrement saupoudré de farine . Laissez ainsi lever les croissants pendant une bonne heure .

Pour les cuire , placez les croissant sur une plaque , dorez-en dessus à l’œuf battu et mettez dans un four de bonne chaleur ( 180 degrés ) .

J.Fiderman , 1897 .


CONDÉ EN CROISSANT A L’ANIS .

Proportions : Sucre en poudre ……375 grammes , Graines d’anis……..200 grammes , Blanc d’oeufs ……nombre 3 , orangeât haché ……. 3.

Piler l’anis avec l’orangeât en mouillant progressivement avec  les blancs d’oeufs ; ajouter par petites doses le sucre et triturer jusqu’à ce que l’on ait obtenu une pâte homogène .

Prenez vos croissants préparés comme à l’habitude avant cuisson, entrouvrez les délicatement avec une fine lame et farcissez les d’une fine couche de préparation à l’anis  , refermez , placez sur une plaque , dorez au jaunes d’oeufs , et cuire au four comme de coutume .

BOULANGERIE PARISIENNE , XIXè, FOND GAUGET-WIDMER



CROISSANT DE PROVENCE .

Proportions : Amandes douces mondées…..500 grammes , Sucre ……500 grammes , Marmelade d’abricots ……125 grammes , Blancs d’œufs……. 7 nombre .

Après avoir mis dans un mortier 500 grammes d’amandes mondées , on les piles , en les mouillant peu à peu avec sept blancs d’œufs , jusqu’à ce qu’elles forment une pâte très fine .

Pour que cette opération soit bien faite , il ne faut ajouter les blancs d’oeufs aux amandes , en les pilant , que deux par deux , et seulement lorsqu’ils se trouvent absorber par la pâte , qui doit toujours conserver une teinte blanchâtre ; et ne doit pas prendre un aspect jaunâtre .

Les amandes pilées , on met dans un mortier 125 grammes de marmelade d’abricots , et on mélange bien le tout ensemble , à l’aide du pilon .

On passe maintenant à la cuisson du sucre .

On met dans un poêlon d’office en cuivre non étamé , les 500 grammes de sucre en pain , cassé en morceaux , et on les arrose avec un quart de litre d’eau ; puis on fait cuire le sucre au cassé , qu’on verse alors peu à peu dans le mortier ou se trouvent les amandes pilées , auxquelles on l’incorpore , en mélangeant vivement le tout à l’aide du pilon .

Lorsque le mélange est terminé , on ramasse la pâte que l’on place sur un marbre légèrement saupoudrée de sucre en poudre , pour y dresser les croissants .

Pour dresser ces croissants on commence par manier un peu de pâte avec les mains , puis , on la roule en un boudin que l’on découpe ensuite en morceaux d’un pouce d’épaisseur .


Maintenant , on met dans une assiette un blanc d’œuf que l’on bat à l’aide d’une fourchette , seulement pour le briser ; puis ,on incorpore une cuillerée à café de sucre glace .

D’autre part , on met dans un plat les amandes effilées . Tous ces préparatifs terminés , on prend un morceau de pâte et on commence par la rouler en forme de boule que l’on allonge ensuite en forme de navette que l’on trempe dans le blanc d’œuf battu , d’où on la retire à l’aide d’une fourchette pour la poser dans un plat ou se trouvent les amandes effilées , au milieu desquelles la on roule , jusqu’à ce quelle soit entièrement recouverte .

Avec les doigts , on donne à cette navette la forme d’un croissant et l’on pose ainsi sur une plaque en tôle .

Il ne reste plus qu’à faire cuire dans un four assez chaud ( 180 degrés ) les croissants ainsi dressés ) , et dès que la couche d’amandes qui recouvre le croissant a pris une couleur légère teinte dorée , on retire la plaque du four et ; à l’aide d’un pinceau on badigeonne d’une légère  gomme fondue .

P. Garnier

Le journal du pâtissier et boulanger , 1899 .




7



LA PETITE HISTOIRE DE LA TARTARE CHAUDE ET DU TARTARE FROID .


FÂCHEUX RÉSULTAT DE LA VIANDE CHEVAL , HONORE DAUMIER , 1856 . ROSENWALD COLLECTION .

 

Tout le monde connaît aujourd’hui la sauce tartare et le steak tartare , les origines des deux semblent claires , mais est ce la vérité , voyons cela . Commençons par la sauce tartare , au 18e et 19e il existait avant cette sauce , des recettes appelées à la tartare , le poulet tartare, les anguilles tartares , qui en étaient les représentants les plus populaires , les origines de ces plats sont à trouver à l’est de l’Europe , les steppes russes étant très populaires car représentant l’exotisme total pour l’époque , on leur donnât donc le nom de tartare , même si c’est plutôt comme le dit A, FAVRE dans son dictionnaire de cuisine de 1886  » A la Polonaise  » que l’on devrait dire . Mais la mode était aux héros de la steppe et cela va donc donner à ce fier peuple un aura culinaire, qui devait bien les surprendre .

HACHOIR A VIANDE ALLEMAND 19e

On confondait aussi allégrement les tartares et les mongols , tous ces sauvages dans le même sac , cela explique la dérive des noms et recettes .

La recette originale de préparation tartare est simple , il suffit de précuire du poulet ou des anguilles , marinés aux herbes , ou toutes autres viandes ou poissons suffisamment ferme , cela fait , on les passe dans du beurre fondu , puis dans de la chapelure , assaisonnés aux fines herbes et épices diverses , puis d’envelopper la pièce panée dans un papier claire huilé , et de placer ce papier dans un feu de cendre presque éteint, et patientez 10 minutes qu’ils prennent couleur .

Ces plats datent du début du 18e mais ils furent populaires jusqu’à la révolution française et après , car à cette époque le repas à la fourchette était nouveau et en vogue dans les restaurants ( mangé à la fourchette est à l’origine du barbecue moderne , en effet on disposait sur une table divers aliments préparés, comme le poulet tartare ou la pièce bouchère à la tartare , et le convive ou le client les passait dans le feu ou la cendre à sa convenance avec sa fourchette  ) .

La sauce tartare n’est rien d’autre qu’une sorte de sauce moutarde relevée qui accompagne ces recettes et qui en prendra le nom . On préparait cette sauce aussi bien chaude que froide et je vous donne les deux recettes ci-dessous .

QUEUE DEVANT LA BOUCHERIE ,ÉDOUARD MANET 1870


Le steak tartare de nos brasseries actuelles est  né à la fin du 19e, durant tout ce siècle la consommation de viande crue va en s’amplifiant , elle était inconcevable au siècle précédent, sauf en cas de disette intense , manger de la viande crue animale était tout simplement inimaginable sans passer pour un sauvage.

Au 19e les médecins et hygiénistes distingués vont petit à petit prôner la consommation de viande crue de boeuf , de cheval ou de mouton , mais pas de porc .  Mangées fraîches , cet à dire quelques heures après son abatage , pour redonner des forces ,  pour soigner la phtisie qui faisait de nombreuses victimes , celle la et bien d’autres maladies de l’époque .

Le plus célèbre médecin prônant cette consommation était un médecin de Saint-Pétersbourg , le docteur Weisse , médecin en chef de l’hôpital des enfants . Il fut le premier vers le milieu du 19e à inaugurer les cures de viande crue ou de chair crue , comme on disait à l’époque .

 

 ANIMAUX ET VIANDE DE BOUCHERIE 1884 .



Les praticiens français ne tardèrent pas à suivre ( Récamier , de Trouseau , et surtout le Professeur Fuster de Montpellier ) , et le Journal des Animaux et Viande de Boucherie en 1884 , nous apprend que l’on consomme 800 kilos de viande crue de cheval dans les hôpitaux de Paris .

Cette consommation allât crescendo , malgré les risques qu’ils y avaient à consommer de la viande crue en ces périodes d’hygiène incertain et d’épidémie de choléra .

Toutes ces théories sur cette consommation furent synthétisées par le docteur O’FOLLOWEL , dans son livre  » Zomothérapie et Viandes Crues  » ,1910 ,  c’est dans cette ouvrage qu’apparaît pour la première fois la recette de viande crue hachée puis passée au tamis et assaisonnée de jaunes d’oeufs , de fines herbes et d’épices fines . Il conseille de tartiner cette pâte sur des toasts ( l’ancêtre du toast cannibale, les belges comprendront ) et de les consommer avec du thé,  il propose aussi d’ajouter de la gelée de groseilles ou de la marmelade d’oranges à cette préparation ??????? pour varier le goût .S’ensuivent les recettes de viandes crues au beurre de sardines , les éclairs farcis à la viande crue et le sommet de cette gastronomie du bizarre , la banane farcie à la viande crue , etc ……..



HACHOIR A VIANDE EUROPÉEN , 19e

Nul part n’apparaît le nom de tartare pour ces préparations, le nom de Pièce Bouchère à la Tartare , date du 18e , les ramasseurs de gibiers qui accompagnaient le Roi Louis XV à la chasse , étaient habillés d’un bonnet de fourrure qui les faisait rassembler aux fiers guerriers de steppes russes et on les surnomma bientôt les Tartares . Cette piétaille était bien sur très mal considérée et crevait de faim , aussi bien souvent ils dissimulaient dans les fourrées du gibier tué par la noble assemblée . Une fois le calme revenu dans la forêt ils s’empressaient de retrouver leurs larcins , de déchirer les chairs des animaux en lanières et de les rouler en boules de les cuire sur des feux de fortunes.

Certains nobles s’apercevant de cela , s’approprièrent cette découpe et cuisson originale et  lancèrent la mode et au moment de la révolution la Pièce de Viande à la Bouchère , cuite à la fourchette , fit fureur .

On peut penser que les deux origines du steak tartare ont finies par se rencontrer et donner notre recette actuelle .

La légende du nom de steak tartare venant des Tartares qui arrachaient des lanières de viande de cheval pour les mettre sous leurs selles , avant de les consommer après quelques heures , me semble complétement farfelue , cette façon de faire était mongole et pas tartare , et la viande ainsi traitée est cuite par le frottement et la chaleur dégagée par le cheval et le cavalier .


TARTARE CHAUDE .

Metteh deux cuillerées de vin blanc dans une casserole posée dans un bain-marie , trois jaunes d’oeufs , deux cuillerées de moutarde forte et un décilitre d’huile , faites chauffer le bain-marie et remuez vivement au fouet le mélange pour l’épaissir . Quand elle est liée , la retirer du feu et ajoutez sel , poivre et un jus de citron ,  ajoutez de la glace de viande pour l’épaissir .

Ajoutez des câpres , des cornichons et des échalotes , le tout hachés . Se sert avec les plats chauds .


TARTARE FROIDE .

Mettez dans un pot en terre deux ou trois échalotes , du cerfeuil , de l’estragon haché très fin , de la moutarde , du sel , du poivre , un filet de vinaigre ; ajoutez de l’huile , en tournant toujours la sauce ; si celle-ci devenait trop épaisse , il fallait ajouter un peu de vinaigre ; si elle est trop salée , on ajoutait de la moutarde et de l’huile ; on fait cette sauce à froid , on sert avec du poisson , de la volaille , des viandes froides .

On ajoutait généralement de la glace de viande dans les sauce destinées aux viandes et volailles


ALEXANDRE DUMAS .

HACHOIR A VIANDE , USA , 19e .


La conclusion concernant les sauces tartares , est qu’elles étaient plus liquides que notre sauce actuelle  .


OYONAISE.

Cette sauce était inspirée de la tartare et plutôt destinée aux gibiers , elle a été crée par A, FAVRE en 1884 pour le mariage d’un ami .

Faire réduire des graines de genièvre dans une goutte de vinaigre . Y ajouter du fumet et de la purée de gibier ; faire réduire à glace et passer au tamis . Faire refroidir en remuant sur glace . D’autre part , faire une sauce mayonnaise en lui ajoutant de la moutarde française , un jus de citron et du poivre blanc moulu .

Mélanger a part égale la mayonnaise et l’appareil réduit , ajouter du cerfeuil et des échalotes hachés . Goûter la sauce oyonnaise , qui doit être de couleur brune , aromatique , un peu relevée .

HACHOIR A VIANDE USA 19e .


Ci-dessous des recettes de viandes crues tirées de l’ouvrage du docteur O’ FOLLOWEL , il ne précise pas l’origine de la viande crue , boeuf , mouton , cheval .

HACHOIR A VIANDE , FRANCE 19e , MUSÉE DE L’HISTOIRE DE LA MÉDECINE , ROUEN .


SANDWICH A LA VIANDE CRUE .

Tartiner d’une couche de viande crue passée au tamis fin des tranches fines de pain de mie grillé .Réunir ces tranches deux à deux , les souder en appuyant et servir aussitôt . Ces sandwiches qui peuvent être servis avec du thé , sont de composition variable . On peut leur ajouter les ingrédients suivant ayant pour atténuer la fadeur de la viande crue ; jaunes d’oeufs , maigre de jambon cuit haché , feuille de cresson haché , gelée de groseille , marmelade d’oranges , etc .

Un sandwich de 10 centimètre carré peur recevoir 30 grammes de viande .


VIANDE CRUE AU BEURRE DE SARDINE .

Mélanger intimement des sardines à l’huile avec leur arête à du beurre frais , puis bien mélanger le tout avec de la viande crue , étendre ensuite sur du pain pour préparer soit des tartines , soit des sandwiches .


BEEFSTEAK AMÉRICAIN .

Dans un plat à œuf , faire fondre du beurre . Quand celui-ci est très chaud , y placer la pulpe de viande agglomérée sous forme de beefsteak , retourner celui-ci aussitôt qu’il a touché le beurre chaud , retirer le plat du feu et servir après avoir recouvert la viande avec un œuf poché .


BANANES A LA VIANDE CRUE .

Par le milieu , suivant sa longueur , une belle banane mûre .

Retirer la pulpe du fruit et la mélanger à parties égales avec de la viande crue et une cuillerée à café de sucre en poudre . Étendre le mélange dans chaque moitié de l’écorce et aromatiser avec du kirsch , cognac , etc . 

UN BOUCHER EN ASIE , CHARLES NOUETTE , 1869-1910 .





LES BEIGNETS A LA FRANGIPANE ;


LA MARCHANDE DE BEIGNETS , J-B MALLET 1759-1835 , MUSÉE CARNAVALET .

 

DICTIONNAIRE LITTRÉ 1873

La famille princière Frangipani , originaire de Rome , serait à l’origine de la fameuse frangipane . Cette affirmation est difficile à vérifier , que ce soit César ou son grand père Murcio  ( 15e) , les explications sont peut convaincantes quand à leurs implications dans cette trouvaille culinaire  . Murcio peut être , car grand épicurien  . Mais le personnage de César semble trop beau pour être vrai . On leurs prêtent aussi , aux Frangipani , l’invention des fameux gants parfumés dont toute la Noblesse ne savait se passer , mais la aussi il y à contestation  , le Frangipani Plumeria   , arbrisseau originaire d’Amérique centrale , et qui servait à parfumer les gants , n’aurait il pas tout simplement donné son nom à cette invention ???? ou vice-versa. Les légendes sont tenaces au 19e , les béotiens pensaient que l’on parfumait les gâteaux  à la frangipane avec des extrait de cette plante ( tout à fait impossible , car toxique ) . La légende a peut être dépassée la banale réalité d’une recette de pâtisserie simplement inventée par un anonyme pâtissier , peut être au service d’un Frangipani et qui aurait voulu faire plaisir à son maître  .

Bref tout cela nous éloigne des frangipanes , mais une chose est certaine à son propos , c’est que la frangipane , n ‘était pas comme à notre époque nécessairement parfumée aux amandes, les recettes originelles , comme on trouve dans les recettes du  18, et jusqu’au trois quart du 19e , ne privilégient pas les amandes .

Mais la frangipane de base de l’époque est tout simplement une pâtissière à la paysanne ( on ne trouve aucune trace de recette de pâtissière avant les années 1920 ), comme on la connaît aujourd’hui , c’est à dire des œufs , de la farine et du sucre , travaillée à chaud .

On parfumait ou pas cet appareil , avec de préférence de la fleur d’oranger , du jus de cédrat , de la vanille , du marasquin , de la framboise , des noisettes ou des amandes , mais ces derniers n’étaient pas le principale ingrédient .

En résumé cette appareil ou crème , était la base de garnissage de la plupart des recettes de pâtisserie à partir du 17e , comme notre pâtissière actuelle . Et au cours du 19e une lente évolution la transformée en crème aux amandes et seulement aux amandes , la crème frangipane nature a perdu le beurre et est devenue la crème pâtissière ( avec ou sans farine ) .

LA MARCHANDE DE BEIGNETS , PIEDRO FALCO 1702-1785 , MUSÉE CA’REZZONICO VENISE .

 

CRÈME FRANGIPANE ORDINAIRE .

Ingrédients : 300 grammes de farine , 250 grammes de sucre , 100 grammes de beurre , 3 œufs entiers , 5 grammes de sel , un litre de lait .

Faites bouillir le lait ; puis travaillez la farine , les œufs , le sel dans une casserole .

Délayez peu à peu avec le lait bouilli , et liez la frangipane sur le feu doux . Une fois liée ; versez dans une terrine et ajoutez le beurre, le sucre .

Cette crème sert à napper les pâtisseries. 

Urbain Dubois 1856

 

APPAREIL A FRANGIPANE ORDINAIRE .

Mettez trois œufs entiers dans une casserole , ajoutez autant de farine que les œufs en peuvent absorber .

Délayez , maniez avec du lait pour obtenir un appareil épais ; laissez cuire un quart d’heure en tournant toujours . Assaisonnez de sucre , de fleur d’oranger et d’amandes écrasées . Cette préparation sert à garnir des tartes et tartelettes .

Jules Gouffé 1876 .

 

LA MARCHANDE DE BEIGNETS , PIEDRO FALCO .

 

BEIGNET DE CRÈME FRANGIPANE FOURRÉS .

Étalez sur une plaque humide une couche d’appareil  frangipane aux amandes , réduites serrées , d’un demi-centimètre d’épaisseur ; laissez refroidir , distribuez-la en ronds de 5 à 6 centimètres ; humectez-en la surface au pinceau avec de l’abricot tiède , et posez dessus un rond de pommes crues que vous enfoncez légèrement, retournez et opérez de même de l’autre coté .

Trempez les beignets dans de la pâte à frire , plongez-les à friture chaude pour les cuire et les colorer ; égouttez et servez saupoudré de sucre vanillé .

Les rissoles et rissolettes sont des beignets à base de rognures de feuilletage ou de pannequet.

RISSOLES DU COUVENT.

Abaissez mince des rognures de feuilletage ; sur l’abaisse coupez des ronds de 8 centimètres ; mouillez-en le tour , et sur la moitié des ronds poussez à la poche de la crème frangipane aux reines-claude  fermes ; ployez les ronds en demi-lune , pressez la pâte sur les bord , repassez-les au coupe-pâte ; rangez-les à mesure sur du linge , faites-les frire ; soit simple , soit après les avoir trempés et panés a-à la miette de pain ; égouttez , poudrez de sucre .

L’essentiel consiste à la frire à point et de belle couleur .

RISSOLETTES A LA FRANGIPANE.

1886

Cuisez quelques grands pannequets ( espèce de grosses crêpes ) ; distribuez-les en abaisses rondes , à l’aide d’un coupe-pâte de 8 centimètres de diamètre . Garnissez alors la moitié de la surface de chaque abaisse avec une petite partie de crème frangipane au marasquin . Humectez les bords de l’abaisse avec de la dorure , ployez-la , en soudant avec soin les deux parties . Trempez les rissolettes dans des œufs battus , panez-les , plongez-les à friture chaude ; quand elles sont de belles couleurs , égouttez-les roulées dans du sucre , dressez sur une serviette .

Et pour terminer une recette du célèbre Baron Brisse , ami de Dumas et chroniqueur gastronomique des plus connus à son époque  . 

Sa recette proposée dans son journal en 1868 est le parfait exemple d’une cuisine et pâtisserie qui disparaissait et qui mêlait la moelle de boeuf et les recettes sucrées , ce mélange peut nous paraître bizarre , mais au 17e, 18e et jusqu’en 1870 , c’était considéré comme le nec le plus ultra de la pâtisserie, autre temps autre mœurs . 

FLAN DE FRANGIPANE A LA MOELLE .

Mettez dans une casserole quatre œufs entiers, 150 grammes de farine , 6 grammes de beurre , 7 décilitres de lait , une pincée de sel ; amalgamez d’abord les œufs à la farine , puis ajoutez le lait , afin d’éviter les grumeaux ; placez sur un feu , tournez et retirez lorsque le mélange devient solide . Travaillez-le alors vigoureusement avec la cuillère pour la rendre parfaitement lisse , puis remettez-le sur le feu et laissez cuire vingts minutes sur un coin de feu très doux sans cesser de remuer avec la cuillère . Lorsqu’il est cuit , ajoutez 450 grammes de sucre en poudre , plus 100 grammes de moelle de boeuf ( cette moelle aura été hachée , mise à fondre et passé dans de la crème ), puis 30 amandes douces et 40 amères préalablement pilées , sans avoir été émondées , et mouillées avec un verre de Madère .

Foncez ensuite un moule à flan , de 35 centimètres , avec du feuilletage à huit levés ( à huit tour ) , mettez dedans toute la crème , faites cuire à four gai ( modéré ) , et après cuisson , glacez à blanc ( au sucre ) et servez chaud .

LES DOUCE ORANGES DE CHINE , FR. WHEATLEY 1747-1801 , COLLECTION ROSENWALD , USA .